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IRÈNE ET LES EUNUQUES

d’Occident, qui jetait le monde dans la main grecque. Ils vantaient son administration qui très opportunément exemptait alors les citoyens des taxes perçues d’ordinaires aux portes d’Abydos et Hiéros. La gloire du nom romain allait s’épanouir à nouveau du Levant au Couchant. Maints hosannahs furent chantés dans les églises avec un enthousiasme inouï.

Aétios fut possédé de dépit et de fureur. Autour du Palais, il s’agita, mena grand bruit, entraîna ses musiciens, ses officiers, ses dignitaires, leur suite impudente et somptueuse. Par cent moyens oratoires, confidentiels, pécuniaires il attaqua les hésitations des consciences. Les troupes de son frère Léon manœuvrèrent, défilèrent, terribles, dans tous les quartiers de la capitale. La cavalerie galopa dans les avenues pour les acclamations de groupes apostés et gagés. En outre, d’ombrageux caloyers redoutant le joug du pape, furent incités à défendre l’orthodoxie du haut de l’ambon, et dans les narthex. Aétios se rendit en personne chez les patrices, les honorables, les archontes. Il les assaillit d’arguments. Chevauchant un superbe étalon blanc à la crinière flottante, et recouvert d’une housse purpurine, le patrice, au centre d’un escadron lumineux, cataphractaires en armures, seigneurs dorés, parcourut sans cesse les voies publiques pour faire halte au seuil de chacun. Parfois, quand il comptait une affluence suffisante, il arrêtait son cheval, obtenait le silence, et discourait à la face des marchands, des charpentiers, des matelots :