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IRÈNE ET LES EUNUQUES

raient l’évêque d’Amiens et le comte Helgaud de cette aventure. Elle pria son curopolate d’aller à leur recherche. Il ne put franchir les lignes des scholaires. Ainsi elle s’apprit captive.

La colère et la rage secouèrent son corps, son âme. Elle poussa des cris rauques en se roulant sur sa couche. Elle invectiva contre Jean qui n’avait pas ajouté foi à certaines dénonciations. Les larmes ruisselaient sur la peau mate du beau visage chargé de sa chevelure rougeâtre. Pharès était malade. Elle se rendit à son chevet. Débile, il ne comprit pas, et refusa de croire aux événements. D’ailleurs il s’endormit, vieillard las et fiévreux, trop soucieux de son mal physique pour s’intéresser aux cataclysmes extérieurs. Parmi le troupeau de ses femmes éplorées, l’Athénienne courut à travers le palais, en se lamentant. Elle eût voulu se rendre à la Magnaure, et convoquer les sénateurs. Les drongaires des sentinelles mandés près d’elle la supplièrent d’attendre. On se battait dans l’Hippodrome, jurèrent-ils. Et ils ne savaient où découvrir Nicétas pour lui réclamer des ordres. Irène entendit les simandres des églises frémir et retentir indéfiniment sous les coups des clercs appelant les fidèles pour la lecture des proclamations que les prêtres devaient faire sur l’ambon.

Les jardins frissonnaient dans l’aube fraîche. Un murmure de foules curieuses arriva par bouffées. Irène monta sur une terrasse devant les scholaires. Elle espéra les attirer dans son obéissance. Elle leur demanda de la conduire au Palais Sacré. Les rangs de-