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IRÈNE ET LES EUNUQUES

pas même celle des bûchers. Les cubiculaires durent envelopper l’impératrice dans un manteau militaire, et lui mettre les pieds dans une fourrure. On alluma des torches résineuses qui l’enfumèrent.

Glacée, suffoquée, l’âme en désespoir, elle se blottit dans une cathèdre. La fièvre ne réchauffa que ses oreilles et ses joues. Vers le milieu de la nuit, une longue rumeur se propagea dans le Palais Sacré, de cohorte en cohorte, gagna les postes établis aux couloirs de Daphné. Les soldats avertirent les cubiculaires, que le patriarche, ayant cédé aux instances des évêques, ayant posé la couronne impériale sur la tête du Logothète Universel dans la Sainte-Sagesse, le Sénat venait de ratifier la décision religieuse, à la condition que Nicéphore repoussât le joug de l’Occident, et qu’Irène conservât ses titres, ses privilèges, ses insignes.

Et, comme pour lui garantir cette promesse des sénateurs, les troupes parquées dans les jardins mêlèrent les noms d’Irène et de Nicéphore à leurs acclamations propitiatoires.

L’impératrice eut le courage de se traîner jusqu’au balcon, d’étendre les mains dans le froid vers ce tumulte de voix confuses, d’armes bousculées, de chevaux impatients.

Puisqu’elle gardait ses titres et son appareil de souveraine, elle s’estima suffisamment pourvue. Nicéphore lasserait le peuple, comme Constantin, Staurakios et Aétios l’avaient lassé. Avec l’aide du Paraclet,