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IRÈNE ET LES EUNUQUES

elle en apparence seulement. Même il blâma ceux qui maintenant agissaient envers leur souveraine comme Judas envers le Christ.

À vrai dire, la foule de Sainte-Sophie n’avait pas été unanime pour exalter le Logothète général. La colère de la rue, celle des cloîtres lui paraissaient dangereuses. Irène avait trop souvent rallié le peuple à sa cause. Il seyait, pour quelques jours encore, de l’amadouer, de la ménager, de lui rendre possibles certaines velléités de domination, afin qu’elle parût s’associer à la fortune du nouveau Basileus, et la consacrer ainsi.

Néanmoins Grégorios lut un discours assez bref exposant l’urgence d’ouvrir le trésor secret des Isauriens que l’impératrice ne devait plus détenir seule puisqu’elle agréait le concours de Nicéphore et du Sénat.

Irène mesura leur avidité et leur besoin de récompenser largement les fauteurs de la révolution, les émissaires des thèmes, les officiers des Thracésiens, tous les partisans d’Aétios qui se déclaraient à présent pour le Logothète général. Par l’appât de l’argent, elle pensa leur soutirer des garanties. Feignant de ne point apercevoir les patrices ni les sénateurs, elle s’adressa directement au Basileus :

— Homme, je suis certaine que c’est le Théos qui m’éleva, moi, bien qu’indigne et fille sans aïeux nobles, jusque sur le trône d’empire. Aussi je n’impute qu’à moi-même et à mes fautes les causes de mon abaissement. En tous lieux et de toutes manières que