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IRÈNE ET LES EUNUQUES

sur l’heure par ses moines, et transmettre au Basileus, afin d’accomplir un acte de gouvernement.

Six jours après, une galère atterrit vers le soir. Irène soupait avec l’abbesse. Le patrice Grégorios accompagné de matelots entra dans la salle, se prosterna, puis lut un ordre bref d’exil dans l’île de Lesbos. Les matelots emballèrent vivement les hardes, la vaisselle et les ustensiles de l’impératrice qui, dans sa colère, invectivait. Comme elle résistait, quatre eunuques furent introduits. Ils lui jetèrent une étoffe sur la tête, l’enveloppèrent, toute, l’y serrèrent, et l’emportèrent ainsi bâillonnée jusqu’à la nef.

Dans le château d’arrière qu’on avait tendu de quelques tapisseries, ils dénouèrent le drap. La mer était grosse et le vent déchaîné. Irène dut céder au pouvoir du mal le plus ridicule et le plus vil.

On la déposa sur la plage que dominait la citadelle de Mitylène. À l’ombre d’une tour carrée, dans une sorte de redan, plusieurs maisons de bois s’adossaient contre le mur de défense. En l’une qu’envahissaient les chardons et les plantes aiguës, les matelots débarquèrent les coffres remplis dans l’île de Prinkipo. Grégorios pria la souveraine d’accepter momentanément ce logis. Il assura qu’on préparait des appartements meilleurs.

Inerte et digne, elle ne hasarda nulle remarque. Sous les yeux surpris des sentinelles, elle s’installa, dirigeant le travail des religieuses qu’on avait transportées avec elle. Grégorios fut ému cependant. Il