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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Donne, petit, un peu de vin à cette pauvre femme qui pleure, et qui est bien fatiguée.

— On m’a dit de ne rien donner,… refusa l’écolier timide,… si l’on ne pesait devant moi le poids total de la laine.

— Donne cependant, pour la vieille Irène, un peu de vin… insista Marie les larmes aux yeux.

— Elle paraît bien lasse et triste, mais je ne veux pas désobéir à mon père, en lui donnant à boire.

— J’ai fort soif, mon bel enfant… implora la vieille Irène, brisée.

— Eh bien,… répondit-il, après avoir regardé au dehors si nul ne le surveillait,… je m’assiérai ici, au lieu de remporter l’urne et la corbeille, comme on me l’avait prescrit… Dès que vous aurez fini la tâche, je tendrai l’urne à la vieille. Hâtez-vous seulement, de peur que mon père ne survienne, en me voyant tarder.

Il en fut ainsi, ce soir-là, puis les autres, jusqu’aux premiers temps du mois d’août. Alors s’évanouit pour toujours Irène d’Athènes, sept années avant que, soigneusement découpé, poli, serti d’argent, le crâne de Nicéphore le Logothète servît aux ivresses coutumières de son vainqueur, Kroum le Bulgare.