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IRÈNE ET LES EUNUQUES

due à la voûte. Dès qu’il se jugea convalescent, Léon qui l’aimait éperdûment, l’alla visiter, chaque jour. Il lui parlait comme à une maîtresse. Il en caressait les formes. Il se laissait éblouir puis endormir par l’éclat merveilleux de ces yeux de pierreries. Incapable de résister davantage, il ne recula plus devant la peur du sacrilège. Il s’appropria l’objet sacré.

La possession occulte ne lui suffit pas. Il prétendit annoncer au monde ce bonheur. Dès la première fête cérémonielle, il apparut au peuple avec, sur le chef, la couronne d’enchantement. Il resplendissait comme le soleil des grimoires alchimiques. La foule ébahie, stupéfaite, l’adora. Quand il se vit radieux, au milieu d’un peuple à genoux, la conscience de sa grandeur lui fut si poignante qu’il faillit s’évanouir. Et la fièvre le ressaisit.

À peine rendu dans le palais, il lui sembla que les feux des mille gemmes incrustées, se fluidifiant sur son front, le brûlaient. Il hurla toute une nuit dans les grandes salles désertées par l’effroi des serviteurs. Il invoqua vainement les saints des mosaïques qu’il avait effacés. Des pustules lui germèrent sur le crâne, violacées, sanguinolentes, et jaunes. Elles grossirent, crevèrent, l’inondèrent de pus infect. La crise, en quelques heures, le tua.