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histoire des croisades ; liv. i.

chaient leurs compagnons de venger sur les Turcs le sang de leurs frères. Les chefs des légions ne pouvant supporter plus long-temps les injures et les reproches de Godefroi et de ses partisans, et remplis de colère et d’indignation, déclarèrent qu’ils étaient prêts à braver les forces et les embûches des Turcs, dussent-ils perdre la vie dans les combats. Aussitôt et dès le commencement du quatrième jour, tous les chevaliers et les gens de pied réunis dans le camp reçurent l’ordre de s’armer ; les cors firent retentir le signal de la guerre, et tous les pélerins se rassemblèrent. On ne laissa dans le camp que ceux qui n’avaient pas d’armes, les infirmes et les femmes qui se trouvaient en nombre incalculable. Les hommes armés s’étant réunis formèrent une armée de vingt-cinq mille hommes de pied et cinq cents chevaliers cuirassés ; ils se mirent en route pour Nicée, afin d’aller harceler le duc Soliman et ses Turcs, et de les engager dans un combat pour venger leurs frères morts. S’étant divisés et organisés en six corps, dont chacun eut sa bannière, ils s’avancèrent par la droite et par la gauche. Après s’être éloignés de trois milles du port et de la station de Civitot (Pierre étant toujours absent et ignorant tout ce qui se passait), ils entrèrent dans la forêt et dans les montagnes, remplis d’orgueil, poussant de terribles vociférations et dans le plus violent tumulte ; dans le même temps Soliman était aussi entré dans la même forêt par le côté opposé, suivi de ses troupes innombrables et venant de la ville de Nicée pour aller à l’improviste assaillir les Français dans leur camp, les surprendre et les faire tous périr par le glaive. En entendant les cris et tout le bruit que faisaient les Chrétiens,