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histoire des croisades ; liv. i.

tués de cette manière ; mais comme ils redoutaient des supplices plus cruels de la part de ces impies, ni les armes ni la violence ne purent les déterminer a sortir de leur retraite.

Le soleil était parvenu à la moitié de la journée lorsque les pèlerins entrèrent dans cette citadelle et y furent attaqués par les Turcs. Mais comme les premiers résistaient avec courage pour défendre leur vie, aucune invention des ennemis ni les ombres même de la nuit ne purent les forcer à abandonner leur position ; enfin un Grec fidèle et catholique partit en exprès pendant la nuit, s’embarqua, traversa la mer et alla raconter à Pierre, qu’il trouva dans la ville royale, les périls auxquels étaient exposés ses compagnons et la destruction de tout le reste de l’armée. Instruit de ces malheurs et le cœur rempli de tristesse, Pierre alla supplier humblement l’empereur de venir au secours, pour l’amour du Christ, de ce misérable petit nombre de pélerins, reste de tant de milliers d’hommes, et de ne pas souffrir qu’ils périssent dans la désolation et les tourmens sous les coups de ces bourreaux. L’empereur fut touché de compassion en entendant le récit de Pierre et en apprenant que ses compagnons étaient assiégés ; il fit venir les Turcopoles et toutes les troupes de diverses nations qui étaient dans ses États ; il leur ordonna de passer le bras de mer en toute hâte, d’aller secourir les Chrétiens fugitifs et assiégés, et de forcer les Turcs à abandonner le siège. Ceux-ci, en effet, ayant eu connaissance de l’édit de l’empereur, se retirèrent de la forteresse au milieu de la nuit, emmenant avec eux leurs prisonniers et chargés de dépouilles, et les chevaliers