Page:Aix - Histoire des Croisades, tome 1.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
histoire des croisades ; liv. i.

ou reprendre sur eux leurs bestiaux, et ils commirent encore beaucoup d’autres crimes que je ne saurais rapporter en détail, se conduisant en gens grossiers, insensés, indisciplinés et indomptables. Des hommes qui ont assisté à ces événemens rapportent qu’ils se saisirent d’un jeune Hongrois et l’empalèrent sur la place publique. On se plaignit de ce fait et de toutes les autres offenses des pélerins, et ces plaintes parvinrent aux oreilles du roi et de ses princes.

Le roi, irrité de toutes ces infamies, dont le récit jeta le trouble dans sa maison, prescrivit à ses satellites de s’armer, fit un appel à toute la Hongrie pour aller venger ce crime abominable et tous les autres méfaits des étrangers, et voulut que l’on n’épargnât aucun des pélerins, puisqu’ils avaient commis une action si horrible. Les hommes de l’armée de Gottschalk, instruits des ordres cruels donnés par le roi pour les faire périr, firent retentir dans toutes les campagnes le signal de la guerre, et se rassemblèrent dans les champs de Belgrade, auprès de l’oratoire de Saint-Martin. Aussitôt toutes les forces de la Hongrie furent sur pied pour aller disperser le peuple qui s’était réuni. Mais les Teutons, inquiets et forcés de défendre leurs vies, se disposèrent à résister vigoureusement avec leurs glaives, leurs lances et leurs flèches ; en sorte que les Hongrois n’osèrent les attaquer. Lorsqu’ils les virent aussi déterminés et qu’ils eurent reconnu l’impossibilité de les combattre sans s’exposer à des pertes incalculables, ils eurent recours à la ruse et leur adressèrent ces douces paroles : « Notre seigneur roi a reçu des plaintes sur les offenses que vous avez commises dans son royaume ; mais il