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albert d’aix.

répandit la joie dans toute l’armée des pélerins ; on passa toute la nuit en fête et l’on ramena au camp beaucoup de prisonniers hongrois.

À la suite d’un grand nombre de combats du même genre qui amenaient tous les jours, pendant un long espace de temps, des pertes considérables, l’armée commençait à se fatiguer, et le défaut de vivres contribuait encore a l’affaiblir, lorsqu’au jour fixé de nombreux hommes d’armes passèrent le pont qui était enfin achevé, les uns en se battant, les autres allant à travers les marais pour attaquer vigoureusement la forteresse de Mersebourg. Ayant appliqué les machines contre les murailles, ils firent deux percées sur deux points différens, serrant de près les Hongrois et travaillant de manière à avoir pratiqué des ouvertures sur presque tous les points, si les assiégés tenaient jusqu’au lendemain. Le roi Coloman et les gens de sa suite montèrent promptement à cheval, tout prêts à s’enfuir vers le royaume de Russie s’ils voyaient cette masse énorme de Francs faire irruption sur leur territoire après s’être emparés de la forteresse. Dans cette intention, ils avaient fait réparer les ponts qui tombaient en ruines a force de vétusté, afin de pouvoir franchir plus aisément les marais et les fleuves qui les séparaient de la terre de Russie, si la nécessité les forçait de s’y retirer. Mais au moment où tout semblait réussir aux Chrétiens, et lorsque déjà ils avaient fait une grande brèche aux murailles, je ne sais quel accident ou quel malheur répandit dans toute leur armée une terreur si grande que tous prirent également la fuite, se dispersant de tous côtés comme les moutons fuient devant les loups qui les poursuivent,