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HISTOIRE DES CROISADES ; LIV.II. 59

ment et sur tous les points, disant qu’il ne fallait point que le duc ou quelqu’un de ses compagnons redoutât de sa part la moindre tromperie ; qu’il voulait le protéger et l’honorer, lui et les siens, comme son fils et ses amis. Les députés du duc étant revenus auprès de lui, rapportèrent favorablement et très-fidèlement toutes les promesses qu’ils avaient reçues de la bouche même de l’empereur; mais le duc, se méfiant toujours de ses discours emmiellés, persista à refuser toute conférence, et quinze jours se passèrent dans cet échange réciproque de messagers. Convaincu de la fermeté du duc, et voyant qu’il lui serait impossible de l’attirer auprès de lui, l’empereur en prit de nouveau de l’humeur, et lui retira la faculté d’acheter de l’orge et du poisson, et ensuite du pain, pour le contraindre ainsi à ne pas résister pins longtemps à sa demande. Mais comme il ne put parvenir, même par ces moyens, le courage du duc, un jour, sur l’instigation de l’empereur, cinq cents Turcopoles arrivèrent sur des navires dans le détroit armés d’arcs et de flèches, tirèrent sur les chevaliers du duc qui s’étaient levés le plus tôt ; tuèrent les uns, blessèrent les autres et les repoussèrent ainsi loin du rivage, afin qu’ils ne pussent, comme de coutume, venir acheter des vivres. Cette mauvaise nouvelle fut apportée au duc dans son palais. Aussitôt il donna l’ordre de retentir les cors, d’armer tout le peuple, de retourner devant les murs même de Constantinople et d’y dresser de nouveau les tentes. A cet ordre, les cors donnèrent le signal ; tous les pèlerins coururent aux armes et détruisirent les tours et les palais dans lesquels ils avaient logé, incendiant