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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

jeter, à la limite du département, dans la Dordogne ; se présentent ensuite Sauvat, à l’est, et, vis-à-vis, entre la route et la Dordogne, Veyrières et ses forêts étendues.

En passant devant Ydes, dont l’église, conservée comme monument historique, a fait partie d’un édifice du douzième siècle ayant appartenu aux Templiers, un voyageur — tabellion dans une localité voisine — indiqua, à deux kilomètres sur la droite, Saignes et derrière, à trois kilomètres plus loin, Chastel-Marlhac, l’ancien castrum Meroliacum, juché sur un plateau de mille mètres de longueur, avec une largeur presque égale. Taillé à pic sur presque tout son pourtour, ce plateau présente des escarpements de vingt à trente-cinq mètres de hauteur. Il y a là, au milieu de nombreux débris antiques, les ruines d’un château, une fontaine miraculeuse, en grande dévotion parmi les paysans, enfin de curieuses roches volcaniques ; l’une d’elles, où s’entasse la neige dans une fissure, forme une glacière qui ne fond qu’aux chaleurs de l’été.

Poursuivant leur chemin, les voyageurs laissèrent à leur gauche Madic, avec son château moderne et les magnifiques ruines d’un château fort ; Madic offre une vue admirable sur les environs, où se trouve un lac de douze hectares.

La route écornait la petite pointe du département de la Corrèze qui s’insinue entre les départements du Cantal et du Puy-de-Dôme. Là est Bort, patrie de Marmontel, chef-lieu de canton de plus de deux mille habitants, sur la rive droite de la Dordogne, au pied d’une montagne couronnée d’énormes prismes basaltiques, qui ont reçu le nom d’« Orgues de Bort » ; cette rangée de colonnes régulières, serrées l’une contre l’autre, rappelle à l’idée les tuyaux symétriques d’un orgue gigantesque.

De Bort, la vue s’étendait à gauche sur la vallée de la Dordogne, de l’autre côté sur les monts du Cantal. C’est à trente minutes de cette petite ville que les touristes vont admirer le « Saut de la Saule », l’une des plus belles cascades de France, pour le volume des eaux et le pittoresque du site.

La voiture franchit un affluent de la Dordogne, après lequel la route s’élevait par une côte fort raide ; puis elle s’engagea sur un riant plateau, laissant à gauche le château de Vals, construction du quatorzième siècle admirablement conservée, et à droite les quatre lacs de la Nobre. On entra dans le département du Puy-de-Dôme. La route s’élevait et s’abaissait pour traverser divers cours d’eau. Sur une hauteur se trouvent les vestiges d’un camp de César. Peu après, une colline volcanique d’un aspect bouleversé, semée de blocs erratiques, porte le non de « Cimetière des Enragés ». Il faudrait, en effet, si ces