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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

L’Indicateur que Jean élevait triomphalement au-dessus de sa tête servait à tout expliquer.

Après la cathédrale, ce fut la Bourse. Elle vaut la peine d’être vue. Sa façade principale — du côté du square — est ornée d’un péristyle de dix colonnes supportant un entablement couronné de figures emblématiques ; la façade donnant sur le Port-au-Vin est plus intéressante peut-être par ses statues de célébrités maritimes : Jean-Bart, Duquesne, Duguay-Trouin, Jacques Cassart, hardi marin que Duguay-Trouin qui se connaissait en bravoure présenta à Louis XIV.

Parmi d’autres célébrités notées par miss Kate pour figurer dans le journal qu’elle continuerait d’envoyer à Maurice du Vergier, Cambronne avait sa statue et le général Bréa un monument élevé à sa mémoire.

Les musées ne furent pas oubliés, ni le jardin botanique.

Dans les rues, sur les places, sur les quais circulaient dans des costumes pittoresques les habitants des campagnes du département, venus à Nantes pour leur plaisir ou pour essayer de réveiller la troque, ce commerce d’échanges tombé presque en désuétude.

Il y avait là des pêcheurs du Croisic, des paludiers de Guérande, des marchands sauniers de Batz, des tourbiers de la Grande-Brière (des Briérons), des paysans des environs de Clisson, du Pallet, de Saint-Fiacre, de Châteaubriand, d’Ancenis, des riverains du lac de Grand-Lieu, l’un des plus grands lacs de la France, ou des bords charmants de l’Eldre qui est à la fois un cours d’eau et une succession de lacs rappelant les fjords de la Scandinavie.

C’étaient des coiffes de femme à bandelettes plissées tombant de chaque côté du visage, des coiffes plates sur le dessus de la tête, avec un fond bouffant et des ailes, de véritables serre-tête de linge avec un fond pointu un peu relevé, tuyautés, des collerettes de linon garnies de dentelle, raides et empesées, des corsages de velours lacés par devant, des tabliers de soie, avec le fichu croisé dans la bavette du tablier, des bas rouges à coins de couleur, des croix d’or et d’argent fixées au cou par un ruban de velours enjolivé d’éclatantes broderies de soie ; et du côté des hommes, des culottes larges et plissées, des gilets ou camisoles doubles ou triples, de couleurs différentes, débordant l’un sur l’autre, des chemises à col rabattu, des chapeaux ronds à larges bords.

Ces paysans de la Loire-Inférieure échangeaient de rares paroles en français avec une prononciation traînante, ou en bas-breton.

— Et ceux-là d’où sont-ils ? dit miss Julia au petit Parisien en lui désignant un jeune homme et une jeune femme très coquettement parés.