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XXII

Le littoral de la Bretagne

Le père Vent-Debout montra qu’il connaissait bien sa rivière en ramenant le Richard Wallace sans avarie d’aucune sorte à l’embouchure de la Loire. Lorsque le yacht se trouva à la hauteur de Saint-Nazaire, la nuit était venue ; une belle nuit de la fin d’août toute constellée d’étoiles dans un ciel d’un bleu intense.

Le petit Parisien fut frappé de la beauté du spectacle que présentait le développement des côtes, où des centres d’habitations s’illuminaient pareils à des nébuleuses. Comme des astres de première grandeur, se détachaient çà et là, les lumières de quelques fanaux ou feux de port, et un phare, le Pilier, éclairait la pointe de Noirmoutier et l’entrée de la baie de Bourgneuf. Au loin, sur la mer, erraient comme des étoiles filantes les feux des grands navires, des bateaux à vapeur transatlantiques…

Le baronnet, sur les instances des dames, fit stopper devant Saint-Nazaire. Malgré la beauté de la nuit, lady Tavistock redoutait de prendre le large ; mais sir William ne se coucha pas sans avoir donné l’ordre de se remettre en route dès l’aube. De sorte que lorsque Jean monta sur le pont du yacht, il se frotta les yeux, ne reconnaissant plus les côtes du bas de la Loire, et pour cause : le Richard Wallace, laissant à gauche Belle-Isle et les petites îles qui lui servent de satellites — Haedic, entouré de récifs, Houat, remarquablement cultivé, — avait doublé la pointe de Piriac et se trouvait à la hauteur de l’embouchure de la Vilaine, devant la presqu’île de Ruis, aux fiers promontoires découpés par les vagues et creusés de grottes profondes. Dans cette région du Morbihan, favorisée d’un climat très doux, les gelées sont