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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

dont le lait donne un beurre et un fromage très estimés. Le Vexin normand et la campagne du Neubourg, ont des grains d’une qualité supérieure ; le Lieuvain est renommé pour ses herbages ; il en est de même du pays d’Auge, grâce à son sol humide et bas : depuis le pays d’Hyesme jusqu’à Pont-l’Évêque, les herbages sont d’une beauté sans pareille ; le Cotentin foisonne en blés et autres grains ; le territoire de Bayeux fournit le meilleur pain du monde ; la campagne de Caen est célèbre par ses orges et ses avoines et quelquefois pour ses petits seigles.

» Les industries agricoles donnent des produits recherchés au loin. Des millions de kilogrammes de beurre sont achetés sur les marchés d’Isigny, de Trévière et de Bayeux, et expédiés sous le nom de beurre d’Isigny, à Paris, en Angleterre, et en d’autres pays étrangers. Le Calvados fournit actuellement aux Anglais des œufs pour quinze ou vingt millions de francs. À Neufchâtel on fait d’excellents fromages ; à Gournay on fait du beurre. À Gournay le samedi, à Neufchâtel le mardi, des milliers de paysans viennent vendre les produits de leurs fermes ; jusqu’à quarante mille kilogrammes de beurre, de sept à huit cent mille œufs, et des vaches ! et des veaux ! et de la volaille !

» De magnifiques troupeaux de bêtes à cornes répandent partout la richesse. On ne saurait parler de bœufs français sans citer ceux du Cotentin. Le Calvados a des moutons, des porcs, des chèvres. Dans les prairies du littoral de la Seine-Inférieure, autrefois inondées par la mer, — les prés salés, — vivent des moutons dont la chair est fort délicate. Enfin les pâturages de la Normandie nourrissent de sept à huit cent mille têtes de bétail, représentant un rendement annuel de près de cent millions.

» L’élève du cheval permet aussi de réaliser des profits considérables. On le fait en grand dans ce qu’on appelle la plaine de Caen. Cette belle race de chevaux normands est fort appréciée pour la cavalerie. Le gouvernement entretient un haras à Saint-Lô, qui est, avec celui de Tarbes dans les Hautes-Pyrénées, l’un des plus importants de la France. Je dois vous citer aussi dans l’Orne, le célèbre haras du Pin, et même le haras de Dangu, près des Andelys, appartenant au comte de Lagrange et d’où sont sortis à la suite de Gladiateur tant de chevaux de grand luxe. L’arrondissement de Bernay s’occupe beaucoup aussi de chevaux. Le 4 avril, commence à Bernay la Foire fleurie, très fréquentée, où durant huit jours, il se vend quantité de chevaux et de poulains. Les foires où les chevaux sont le principal élément commercial ne se comptent plus en Normandie, tant elles sont nombreuses ! Il y en a jusqu’à douze et quinze par mois.