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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

passez par là, venez me voir. Et il donna une vigoureuse poignée de main à son complaisant auditeur.

Le Laizon et la Muance étaient franchis ; au sortir d’une tranchée, le train descendit la vallée de l’Orne et l’on découvrit enfin Caen et le faubourg de Vaucelles. Jean était arrivé.

Il se rendit immédiatement au domicile de la famille du Vergier. À la sortie de la gare, la rue des Abattoirs conduit sur le quai ; il la prit, et, tournant à gauche, il se trouva en quelques pas à la place Dauphine. Au milieu de cette place s’ouvrait la rue Saint-Jean, la principale artère de la ville ; c’est dans cette rue, près de l’hôtel de la Bourse, que se trouvait la demeure du baron du Vergier.

Comme Jean arrivait devant cette maison, Maurice allait y entrer. Il reconnut le petit Parisien et l’étreignit dans ses bras, en lui donnant une vigoureuse accolade.

Au bruit qu’ils firent en pénétrant dans la maison, la baronne accourut.

— J’ai reconnu la voix de Jean ! s’écria-t-elle. Venez-vous m’apporter quelque bonne nouvelle, mon enfant ?

— Hélas ! non, madame. Je comprends déjà que votre chagrin est toujours le même. De mon côté, je n’ai que des ennuis à vous apprendre.

— Oui, aucune démarche n’a abouti ; j’en deviendrai folle ! Mais mon pauvre garçon que vous arrive-t-il donc ?

En parlant ainsi la baronne introduisit Jean dans un petit salon.

Le petit Parisien fit le récit de ses déceptions et arriva promptement à l’agression dont il venait d’être victime.

— Comme vous parlez vite ! Vous tronquez les faits : on dirait que vous êtes pressé…

— Oui, madame, pressé d’intéresser M. le baron, votre mari, à ma mésaventure, et le prier de faire tout son possible pour qu’on arrête le voleur.

— Il y a quelques semaines, si je n’avais craint de compromettre votre parent Risler et de vous causer de la peine, je l’aurais fait arrêter…

— Oh ! madame, que c’eût été une bonne chose ! Combien cet étranger m’a fait de mal — un mal irréparable peut-être, je ne parle pas de l’argent, vous me comprenez bien — depuis le jour, où, ayant à vous plaindre de lui, vous l’avez laissé libre !

Maurice avait écouté le récit et la plainte du petit Parisien.

— Et c’est votre camarade Barbillon qui a reçu les plus mauvais coups ? dit-il.