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VII

Une page d’histoire

Si les Normands ont conquis l’Angleterre…

Ce lambeau de couplet, intercalé pour Thérésa dans la Chatte Blanche de Clairville, hantait la mémoire du petit Parisien, — paroles et air entendus au tournant d’une rue et devenus ineffaçables.

À cette heure, Jean les fredonnait irrévérencieusement, et bien malgré lui, devant la dalle noire qui recouvre les restes de Guillaume le Conquérant, dans l’église Saint-Étienne de Caen.

Comment ce puissant roi Guillaume se trouve-t-il là ? Qui était donc ce Normand si hardi, si belliqueux, capable de mener si rondement une telle entreprise que la conquête de l’Angleterre ? Jean ne regrettait pas d’être venu à Caen pour en avoir la révélation. La sépulture du grand politique, il la connaissait ; Maurice lui apprit la surprenante histoire du fameux duc de Normandie.

Au sud de Caen, à trente kilomètres de cette ville, Falaise située sur une espèce de promontoire entre deux éminences, « semblable à un vaisseau amarré au milieu des rochers et des bois », a dû vraisemblablement son nom aux accidents du sol sur lequel elle s’élève. On ne saurait imaginer un pays d’un aspect plus inattendu dans sa variété, pêle-mêle pittoresque de pâturages, de jardins et de vergers, de bruyères, de futaies et de taillis, d’étangs et de manoirs. Au pied de la ville coule la rivière d’Ante, affluent de la Dive. Des ruines féodales s’élèvent à la pointe la plus escarpée de la vieille ville — noires murailles, tourelles, voûtes de pierres, souterrains. — C’est en ce vieux donjon aux épaisses murailles disposées en un carré long, où les remparts de