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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/354

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

choisie. Soldats robustes et prêts à tout, âmes énergiques, corps de fer, l’esprit aussi vigoureux que le bras.

» Avant son départ, Guillaume avait tout prévu ; il avait appelé à son aide tous les hommes du Vexin, du Roumois, du Lieuvain ; il avait battu Guy de Bourgogne, il avait battu l’armée française au Val-des-Dunes, et peu s’en fallut que le roi de France ne fût tué par un chevalier cottentinois nommé Guillesen ; il avait mis à la raison le jeune Geoffroy Martel, duc d’Anjou, et Guillaume, comte d’Eu… La Bourgogne, l’Anjou, le Poitou, l’Auvergne, la Bretagne et l’Aquitaine s’étaient ligués, mais en vain, contre le Normand ; Guillaume avait jeté contre cette coalition ses meilleurs capitaines : Raoul, comte d’Eu, Pierre de Gournay, Gautier Giffort, Roger de Mortemer. L’habile Normand avait poussé le soin jusqu’à placer sur le siège épiscopal de Rouen, un homme à sa dévotion, l’évêque Maurille ; enfin, dans un dernier effort des Angevins et des Français, contre Guillaume, Angevins et Français sont brisés sur les bords de la Dives. Et maintenant Guillaume peut partir[1]. »

De son château de Falaise, il assigna Dives comme rendez-vous à ces capitaines, à ces barons, dont les noms ont été conservés, et sont inscrits en lettres d’or dans l’église même de Dives.

C’est aussi dans le port de Dives qu’eut lieu l’embarquement de l’armée de Guillaume, nombreuse et aguerrie, pourvue de machines de guerre et d’engins terribles ; armée forte de soixante-sept mille hommes d’armes et de deux cent mille valets, ouvriers et pourvoyeurs.

Aujourd’hui, il y a des siècles que la dynastie normande a cessé de régner en Angleterre. De tels changements se sont opérés à l’embouchure de la Dives, que la mer s’est retirée à près de deux kilomètres et que de vastes prairies occupent l’emplacement de l’ancien port, où trouvèrent place les six ou huit cents vaisseaux de Guillaume, présents des prélats normands et des grands vassaux de Normandie.

Et que sont devenus les restes du Conquérant ? Il y a en Angleterre des lieux célèbres consacrés aux sépultures royales. Pourquoi n’y voit-on pas au premier rang le tombeau de Guillaume ? C’est qu’une fois mort, il fut bien plutôt traité comme le fils d’Arlette et le petit-fils du pelletier de Falaise que comme le rejeton d’une suite de ducs de Normandie. Et cependant son fils régnait en Angleterre. Les restes de Guillaume le Conquérant plusieurs fois profanées au cours des guerres civiles, gisent au milieu du sanctuaire de l’église

  1. Jules Janin, ouvrage cité.