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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

où la glèbe était partout opprimée, ont pu contribuer aussi dans une large mesure à produire cet état florissant de la culture des terres.

Jean et Quentin passèrent en vue d’Armentières, ville de 12,000 habitants située sur la Lys qui y forme un petit port intérieur, utilisé pour les industries locales : fabrique de grosses toiles écrues, principalement pour chemises et guêtres de soldats, tissage important de toiles de toute espèce, impression sur étoffes, et encore fabrique de tulle, teinturerie, sucrerie…

La Lys fut franchie.

À son tour fut laissé en arrière, Hazebrouck, petite sous-préfecture, ville de filatures, bien bâtie, proprette, mais triste, — triste quand la ducasse ne l’allume pas. Jean ne vit guère que l’élégante flèche de son église, qui mesure quatre-vingt mètres de hauteur.

Maintenant ils couraient sur Cassel à travers des pâturages où les fermes apparaissaient entourées de grands ormes. Ces arbres, à qui le sol flamand convient à merveille, y acquièrent un superbe développement. Plantés souvent en larges avenues au milieu des prairies, ils semblent appartenir à un parc séculaire et conduire à un château. Le château n’est qu’une ferme cachée dans la verdure, parce que les châteaux et même les grandes habitations sont rares dans cette partie de la Flandre.

Il était facile à Jean de croire aux affirmations de son ami, assurant qu’il y a en France peu de campagnes aussi bien cultivées que celles de l’arrondissement d’Hazebrouck.

Les cultures variaient peu ; les champs labourables et les prés se partageaient la presque totalité du sol donnant en abondance les céréales, la betterave à sucre, les graines oléagineuses, le lin, le tabac qui couvre des espaces étendus et le houblon. Ces houblonnières, hérissées de longues perches de sapin autour desquelles grimpe et s’enroule la précieuse plante, à des hauteurs de quatre ou cinq mètres, sont d’un effet pittoresque. Leur verdure assez épaisse forme parfois des bosquets ou des pyramides de feuillage. Le houblon est d’un rapport avantageux. Une houblonnière donne de bonnes récoltes pendant sept ou huit ans, et peut durer jusqu’à douze ans, établie dans une terre qu’on a laissé reposer ; la seconde et la troisième année sont les plus productives. Quentin apprit à Jean qu’un hectare d’une houblonnière en plein rapport peut rendre jusqu’à huit mille francs par an. C’est très beau, ajouta-t-il, mais il faut compter aussi par hectare, cinq mille francs de frais de culture et d’entretien.

— Pour les céréales, les cultures industrielles, les légumes, les racines,