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XII

Aux mines d’Anzin

Jean réussit à persuader à l’original Breton d’aller prendre à Wormhoudt la diligence pour la plus prochaine station de chemin de fer. Ce fut toutefois en lui promettant d’aller le voir à Calais, sans beaucoup tarder. Le Flamand demeuré maître du terrain, reçut une ovation bien méritée. Un peu meurtri et bleui, un œil poché et les lèvres enflées, sa blouse neuve déchirée et même ses culottes de velours, il dut en racontant en vingt endroits les phases de la lutte, vider bien des fois les chopes de la victoire.

Ce fut l’épisode héroïque de la première journée de la ducasse.

Le soir venu, on put croire, à la vivacité des altercations éclatant de divers côtés, que le pilote Vent-Debout était retourné pour réclamer son reste ; mais ce n’était là que débats sans voies de fait entre voisins et amis passablement échauffés, c’est-à-dire les intermèdes obligés des longs et copieux repas de la fête villageoise.

Le lendemain et le surlendemain virent la même animation, les mêmes jeux, les mêmes danses, les mêmes festins. La fête devait durer jusqu’au dimanche suivant ; mais vu le peu de temps dont pouvaient disposer Jean et son ami Quentin, il leur fut permis, ainsi qu’à Martial Sockeel, de prendre congé… Les deux cousins voulaient mener le petit Parisien à Bergues, chez une très vieille dame qui était leur grand’tante, et l’on devait partir le mercredi matin de bonne heure.

Jean fut réveillé ce matin-là par un mouvement inusité qui mettait la maison en émoi. Il sut bientôt que ce jour était fixé pour le départ d’un vieux serviteur de la famille, le père Martin qui pendant plus de cinquante