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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

plus peuplé. Ces deux villes se sont développées comme par enchantement à onze et treize kilomètres du chef-lieu, et comptent aujourd’hui parmi les centres les plus industrieux de notre pays. La population de Roubaix, a dépassé 90,000 âmes, et celle de Tourcoing est de 50,000 habitants. Il n’y a pas beaucoup de villes de France, qui soient aussi peuplées.

Roubaix — comme Reims — est l’une des plus importantes fabriques de France, pour les tissus de laine. La ville industrielle d’Angleterre avec laquelle elle rivalise pour la production d’étoffes du même genre est Bradford. Si elle est inférieure à la ville anglaise par la puissance du matériel, elle lui est supérieure par le choix des dessins et la finesse qu’elle peut donner aux fils. C’est par plusieurs centaines qu’on y compte les fabricants de tissus. Roubaix mélange admirablement la laine, la soie, le coton et le fil ; elle crée, pour les gilets et les pantalons, des étoffes dites de « fantaisie », qu’on ne surpasse nulle part, et qui se distinguent, outre leurs qualités, par un bon marché réel ; elle suit de près les changements de la mode ; avec les mêmes nuances, elle renouvelle sans cesse les dessins de ses tissus ; elle fait chaque année pour un chiffre considérable d’affaires.

Tourcoing est comme l’annexe, la succursale de Roubaix ; c’est là que sont les peigneries et les filatures dont Roubaix tire les fils qu’elle met en œuvre ; Tourcoing exerce l’industrie du lainage depuis le treizième siècle. Après des commencements modestes, elle est devenue pour la laine, le marché le plus important du nord de la France. Il entre chaque semaine à Roubaix, six cents tonnes de laines brutes, dont une moitié alimente les manufactures de tissus ; le surplus est livré en fils. Cette laine vient surtout d’Angleterre — d’Australie — et de Hollande ; car il faut de très belles laines pour les tissus de Roubaix.

On utilise pour la fabrication des molletons, la fabrication des tapis de moquettes et des étoffes pour ameublement, les laines provenant des déchets du peignage, et les laines courtes de la toison. Les tissus en fil de lin entrent aussi, pour une bonne part, dans l’énorme production de cette ville. Le chiffre annuel des affaires de ces deux villes ensemble dépasse certainement trois cent cinquante millions !

Particularité remarquable : Roubaix et Tourcoing ne sont que de simples chefs-lieux de canton.

Voilà ce qui fut révélé au petit Parisien, dans la visite successive de ces deux villes douées d’une si grande vitalité. Trois kilomètres les séparent. Leurs environs n’offrent rien de pittoresque ; leurs monuments ne comptent