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XVII

Picardie et Ardennes

— À la frontière de la Picardie et du Cambrésis, dit Modeste Vidal, se trouve, au milieu des bois, le village de Beaurevoir. En ce lieu s’élevait au quinzième siècle, un château dont il ne reste que le souvenir. Il appartenait à Jean de Luxembourg, comte de Ligny, entre les mains de qui était tombée Jeanne Darc, après que, devant Compiègne, abandonnée des siens et peut-être trahie, elle fut faite prisonnière. Jean de Luxembourg l’enferma d’abord au château de Beaulieu, d’où l’énergique Lorraine essaya de s’échapper ; puis il la fit conduire au château de Beaurevoir, qu’il habitait lui-même. Là, Jeanne rencontra un accueil compatissant de la part de la comtesse sa femme et de la tante, d’autres disent la sœur du comte Jean. Elles adoucirent la captivité de l’héroïne et usèrent de leur influence pour détourner le seigneur de Beaurevoir de mettre à exécution son projet de vendre aux Anglais cette fille sublime, qu’ils redoutaient plus qu’une armée bien commandée.

» Les deux nobles femmes, poursuivit le musicien, pensaient avoir réussi, — en y prenant beaucoup de peine, — à persuader le comte Jean de ne pas commettre un acte capable de le déshonorer à tout jamais. La captive du farouche seigneur était enfermée depuis trois mois à Beaurevoir, vivant dans la crainte d’être livrée, lorsqu’elle apprit à quelle extrémité se trouvait Compiègne assiégée par les Bourguignons, auxiliaires des Anglais. La ville prise, on menaçait d’en passer les habitants au fil de l’épée, sauf les enfants au-dessous de sept ans.

— Quelle horreur ! fit le jeune Parisien.

— Jeanne, reprit son ami, si peu rassurée sur son propre sort, n’hésita pas