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XIX

Lorraine et Champagne

Deux jours après, un train s’éloignant de Sedan vers les plaines de la Champagne et l’Argonne emportait Modeste Vidal et son jeune ami. Jean avait voulu voir de près certains endroits plus douloureusement intéressants de cette bataille de deux jours, et l’artiste s’y était prêté de très grand cœur. Seulement alors, l’artiste s’aperçut qu’il n’avait pas réussi dans l’objet de son voyage : procurer une puissante distraction au jeune garçon. Jean demeurait grave, réfléchi, disposé bien plus à s’attrister qu’à s’épanouir. Ce que voyant, Vidal lui dit :

— Je voulais te ramener où je t’ai rencontré : à Ham ; mais je ne suis pas content de toi, — ni de moi. Te voilà plus absorbé que jamais ! C’est un peu ma faute et je suis sous des impressions peu gaies… Eh bien ! pour retourner en Picardie, nous prendrons par le plus long, et cela nous distraira un peu.

Et Jean ne faisant aucune opposition à un projet charmant au fond, ils étaient montés en wagon, tandis que Modeste Vidal indiquait comme contraste avec les souvenirs réveillés par Sedan, la naissance de Turenne dans cette ville, son enfance écoulée dans un château près de Bazeilles. Une autre petite ville forte du pays, Rocroy, avait vu Condé remporter sa première et sa plus mémorable victoire ; enfin le département des Ardennes pouvait, disait l’artiste, revendiquer également comme sien le général Chanzy, le héros de Josnes, de Patay, le véritable homme de guerre révélé par les événements de 1870.

— Quant à l’industrie de Sedan, poursuivit-il, il y aurait aussi beaucoup à