Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/519

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
511
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

ses arbres centenaires plusieurs villages et hameaux. La ville valait également un coup d’œil : dans une sortie contre les Bourguignons qui en assiégeaient les remparts, Jeanne d’Arc tomba entre les mains de ses ennemis.

Ce fut aussi Pierrefonds, dont le château fort a été, sous le deuxième empire, relevé de ses ruines par l’architecte Viollet-le-Duc. Cet édifice, assis sur le sommet d’une éminence escarpée, forme un quadrilatère irrégulier. Il présente sur chaque front trois grosses tours de défense à mâchicoulis.

Ce fut encore Chantilly, qui possède des manufactures et une fabrique de dentelles noires et blondes. De l’ancien château de Condé, il ne reste plus que d’immenses écuries ; un château plus petit, bâti non loin de l’autre a survécu à la tempête révolutionnaire.

Senlis, au milieu des bois, au bord de son petit ruisseau — la Nonette — n’eut d’autre importance à ses yeux que comme grand marché de grains et de farines.

Jean passa moins rapidement qu’en certaines localités à Pont-Sainte-Maxence, qui possède un pont de trois arches sur l’Oise ; et de même au bourg industriel de Verberie, célèbre par ses sauteriaux ; à Ermenonville, illustré par le séjour de Jean-Jacques Rousseau. Il admira les beautés pittoresques du domaine où ce philosophe trouva son dernier asile. Le parc dessiné en jardin anglais offre une réunion de sites, de ruines modernes, de légers édifices à colonnes, œuvre de jardiniers paysagistes, que l’on dirait inspirée par les tableaux de Poussin. Rousseau fut inhumé dans l’île des Peupliers, où son tombeau se voit encore. En 1794, ses restes reçurent les honneurs du Panthéon ; mais l’ombre du grand écrivain semble avoir protégé la résidence qui l’avait accueilli : en 1815, le commandant des troupes alliées exempta Ermenonville de toute contribution de guerre, et les Cosaques n’y commirent aucune déprédation.

Nous venons de dire que Verberie doit sa célébrité à ses « sauteriaux ». Ceci demande une explication. Jadis des jeunes gens de ce bourg, se distinguaient dans le jeu des sauteriaux, appelé aussi des tombereaux. Ils se laissaient rouler du haut en bas d’une colline pour amuser les assistants. L’adresse consistait à préserver habilement sa tête en l’enveloppant des bras et des jambes. Cela fut expliqué à Jean. On lui dit qu’aujourd’hui la jeunesse de Verberie est plus grave — ou moins adroite.

Toutes ces tournées prirent du temps. Lorsque Jean, passant par Pontoise, Meulan et Mantes, rejoignit à Versailles Risler et sa troupe, on était dans la première quinzaine de mai.