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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

d’un brave garçon éconduit par une Vivette rousse, au profit d’un failli merle du nom de Flohic.

Vers dix heures, un train croisa la voie venant de Tarbes et amenant à Lourdes quantité de pèlerins. Nos voyageurs, laissant Lourdes derrière eux, montèrent vers Tarbes qu’ils atteignirent en trente minutes. Le chef-lieu du département des Hautes-Pyrénées est une ville de 24,000 âmes située à trois cents mètres d’altitude au milieu de l’une des plus belles plaines de la France et sur la rive gauche de l’Adour, dont les eaux desservent tous ses quartiers. Tarbes occupe une vaste superficie, ce qui s’explique par le nombre et la grandeur des cours et des jardins des maisons particulières.

Maurice et Jean virent ce qu’ils purent de la ville dans un arrêt d’une demi-heure. Le baronnet, ne voulant pas quitter la gare — ou plutôt le buffet — et les deux jeunes gens ne pouvant pas quitter le baronnet sans s’exposer à ne plus le retrouver, ils durent se contenter de regarder de loin les divers édifices et églises, la flèche dentelée de Sainte-Thérèse.

La plaine fertilisée par l’Adour verdissait au loin sous un ciel plein de lumière, avec les montagnes bleues des Pyrénées au sud. Les vignes disposées en « hautains » autour des érables et des châtaigniers jusqu’à la hauteur de quatre ou cinq mètres, rougissaient de leurs pampres les pentes ensoleillées.

Dans les prairies, bondissaient les poulains de cette race élégante de chevaux préconisés comme chevaux de selle. Quelques panaches de fumée trahissaient une vie industrielle. Il y a en effet à Tarbes d’importantes usines, des fonderies de métaux, des filatures de laine, des fabriques de feutre ; le gouvernement y possède une manufacture d’armes et une fonderie de canons.

Méloir, plus libre que son maître, put s’échapper, et lorsqu’il rentra à la gare, il semblait avoir largement apprécié les vins de Rabasten, de Madiran, et de Castelnau-Rivière-Basse.

Le train fit face de nouveau aux Pyrénées qui se montraient à travers le branchage des noyers ; on traversa des campagnes de plus en plus accidentées ; on entendit gronder des torrents, murmurer des eaux ruisselantes ; on se trouva enfin en pleines Pyrénées, en pleine région des sources thermales, dont quelques-unes très célèbres sont régulièrement fréquentées.

Qui ne connaît les thermes sulfureux de Barèges, dans l’étroite vallée du gave de Bastan ; les eaux de Saint-Sauveur, qui sourdent non loin de Luz, au bord d’un défilé du Gave franchi par un pont superbe de soixante-cinq mètres de hauteur ; les nombreuses fontaines de Cauterets auxquelles quinze