Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/642

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conservé dans les Pyrénées. L’isard ne diffère en rien du chamois du haut Dauphiné, de la Savoie, du Piémont, de l’Espagne, de la Suisse, de l’Allemagne et de la Dalmatie.

Il a la grosseur d’une chèvre et aussi son port, avec des cornes noires, courtes, lisses et arrondies qui s’élèvent verticalement du front et se courbent brusquement en arrière à leur extrémité au-dessus de deux beaux yeux, grands et ronds, pleins de feu. Pour être exact, il convient de dire qu’il a le corps plus court que la chèvre, ramassé, les jambes longues et fortes, le cou allongé. L’isard ajuste fort joliment ses oreilles à la pointe de ses cornes.

Son poil court est au printemps d’un gris cendré, et passe successivement, selon la saison, d’un fauve de biche au brun mêlé de noir et brun noirâtre. Sa tête est d’un jaune pâle avec une bande brune qui descend de l’œil vers le museau. La queue est courte. Le mâle seul a le menton garni de barbe.

Cet animal d’une vivacité charmante et d’une admirable agilité, habite la région moyenne des montagnes. En été, comme il craint très fort la chaleur, il s’élève jusqu’aux limites des neiges éternelles ; en hiver, il préfère les vallées dans la zone forestière, où il vit de feuillage de sapins, de bourgeons d’arbres et d’arbrisseaux, de quelques herbes qui percent la neige, de mousses et de lichens.

Les isards s’en vont par groupes de trois, quatre, cinq, six, et très souvent par troupeaux de huit à dix, de quinze à vingt ; on en voit aussi jusqu’à soixante et quatre-vingts ensemble, dispersés par petits troupeaux sur le penchant d’une même montagne. Au lever du jour, ils descendent en paissant sur le flanc de la montagne ; à midi, ils se couchent au pied des rochers, à l'ombre des buissons ; après une station peu prolongée, ils remontent et cherchent un endroit pour se reposer librement et ruminer. Par le clair de lune, on les voit redescendre dans les pâturages.

On ne connaît pas de cri particulier à l’isard ; il semble n’avoir qu’un bêlement fort bas ressemblant à la voix d’une chèvre enrouée. C’est par ce bêlement que les mères appellent leurs petits. Quand un danger met en fuite ces animaux c’est par une sorte ce sifflement, un souffle aigu poussé avec force par les narines qu’ils s’avertissent entre eux.

D’une défiance extrême, leur vigilance est secondée par un même degré de perfection de l’ouïe, de la vue et de l’odorat. Jamais un chamois n’oublie de veiller à sa sécurité. Au repos même, il conserve une position pouvant lui permettre de fuir d’un seul mouvement. Un chasseur approche-t-il au vent de