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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Montluçon, la ville la plus considérable du Bourbonnais, grâce à la voie ferrée qui la relie au Limousin. Fort heureusement, il s’y trouvait un buffet que sir William, Méloir — nous nommons d’abord les plus faméliques — Maurice et Jean prirent d’assaut. La ville, assise sur les deux rives du Cher, se développe sur un mamelon qui domine cette rivière à l’embouchure du Lamaron, et doit sa prospérité à sa manufacture de glaces et à ses forges.

Montluçon n’est pas, il s’en faut, dans la plaine du Bourbonnais : c’est encore la Marche aux gorges creusées, aux pentes ravinées, où les monts ont une ossature de squelette. On a remarqué que le Bourbonnais est une province composée de pièces de rapport ne formant pas un ensemble, et cela semble exact. Si Montluçon appartient à la Marche, Gannat et Vichy, au sud, appartiennent à l’Auvergne, la Palisse, à l’est, appartient au Forez.

Les baigneurs de Vichy, qui s’y réunissent dans la saison au nombre de vingt ou trente mille, ont donné le nom de Petite Suisse aux environs de cette ville d’eaux : la vallée du Sichon, les encaissements de la Bèbre dans son cours supérieur, les gorges sauvages, les cirques, les ravins des Bois-Noirs, les forêts de chênes, de hêtres, de pins et de sapins accentuent le caractère de cette région tourmentée. Les chemins des bords du Sichon, la route qui longe la Bèbre, de la Palisse à Saint-Priest, se déroulent au milieu d’un magnifique panorama. La route nationale de Montluçon à Saint-Amand-Montrond, bordée par le Cher et coupée d’un nombre infini de ruisseaux n’est pas moins pittoresque.

Tout cela est très différent du centre du Bourbonnais. Après les hautes collines, des ondulations de terrain coupées de fertiles vallées, avec une pente sensible de l’est à l’ouest, se prononcent jusqu’à la plaine. En somme pays accidenté, boisé, marécageux.

Mais le platane est partout dans l’ancienne province l’arbre de la plus belle venue. On en rencontre de superbes allées. À Cusset, ils donnent à l’entrée de la petite ville un air de distinction sévère. À Vichy, ils forment une belle promenade. Les plus beaux sont ceux de Moulins, où une avenue de vieux platanes mène du chemin de fer à l’entrée de la ville.

De Montluçon à Commentry il n’y a pas loin. Le train s’engage d’abord dans la gorge profonde et pittoresque du Lamaron, croisant à tout moment le torrent, qui court au pied de hauteurs granitiques, nues ou couvertes de fougères et de maigres taillis. Dans le compartiment des premières occupé par le baronnet, Maurice et Jean, on parla beaucoup de la grève des mineurs qui avait éclaté au commencement du mois de juin précédent.