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XIV

La Dôle

Nous ne dirons pas combien ce voyage en Franche-Comté fut désagréable à Maurice. Jean feignait de s’associer à la colère du jeune du Vergier ; au fond, il ne fut pas fâché de connaître une partie de la France des plus intéressantes, puisqu’aussi bien son petit commerce était suspendu. Il était d’autant moins impatient qu’il avait rencontré le jour même de son départ de Dijon — et dans la gare du chemin de fer — Bordelais la Rose revenant du Niderhoff.

Ce fut un bien grand bonheur pour tous les deux. Dans l’entretien qu’ils eurent, l’ex-zouave apprit à son petit Parisien qu’en arrivant au Niderhoff il avait trouvé à qui parler, Jacob Risler lui-même, sentant la nécessité de baisser la voix, mais plus venimeux que jamais. Jean ferait bien de se défier de lui. Sous la menace de l’attaquer, et non pas seulement de défendre la mémoire du père de Jean, ce coquin de Risler avait rendu la croix…

Et Bordelais la Rose tremblant d’émotion avait remis à Jean cette croix de son père, que le pauvre garçon reçut en pleurant à chaudes larmes, et en protestant à son excellent ami qu’il se rendrait digne de ce dépôt.

Autre chose importante que Bordelais la Rose dut lui dire encore. Pourquoi importante ? C’était son idée à lui, et il n’était point nécessaire de s’en expliquer davantage ; mais il avait refusé quarante mille francs de sa vigne, puis cinquante mille : té, puisqu’elle en valait le double ! Il ne vivrait pas toujours, non ; et il songeait à l’avenir… des autres. Mais assez sur ce chapitre, mon bon. Sac et giberne ! la discrétion c’est une vertu du Midi…

On s’était séparé avec effusion, et Jean comparant cette belle et franche