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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

quités, collection d’objets du moyen âge et de la Renaissance, musées de sculptures et de tableaux, où se trouvent quelques bonnes toiles de l’école italienne et la collection des bustes de la plupart des Lyonnais célèbres : des grands artistes comme Philibert Delorme, Coustou, Coysevox, Lemot et Hippolyte Flandrin, des savants et des philosophes tels que Bernard de Jussieu, Ballanche, Ampère, J. B. Say, de Gérando, Ozanam, etc., sans oublier une femme poète, Louise Labbé, « lyonnoise ». Ils visitèrent aussi le muséum d’histoire naturelle et une bibliothèque spéciale riche de 70,000 volumes. — Cette bibliothèque est indépendante de la bibliothèque publique qui possède 180,000 volumes et 2,400 manuscrits.

Le troisième jour, nos touristes s’attachèrent à prendre une idée de l’importance industrielle de Lyon et des conditions qui régissent l’industrie des soieries. À Lyon le fabricant n’a point de métiers à lui, il ne s’entoure pas non plus d’ouvriers travaillant à la journée ; il reçoit les commandes du commerce, choisit ses dessins, et confie les soies à mettre en œuvre à des tisseurs chefs d’atelier, qui travaillent à leur propre domicile, à l’aide de métiers leur appartenant, et en ayant recours à des ouvriers ou compagnons nommés canuts, qu’ils engagent. Les tisseurs sont parfois associés entre eux. Le nombre des métiers employés est considérable. Ces métiers sont distribués dans toute l’agglomération lyonnaise, les faubourgs, les villages environnants, dans le département et les départements voisins jusqu’à Chambéry.

Le nombre de personnes occupées à l’industrie des soieries est de 240,000, dont une moitié seulement dans la ville même. L’accord entre les tisseurs et les fabricants n’est pas toujours complet, et nos touristes virent poindre une rupture entre eux sous forme de grève à propos des articles unis et armures et aussi des peluches. Ils comprirent à l’excitation contenue des mécontents ce que devait être la cité industrielle dans un mouvement insurrectionnel comme au mois de novembre 1831, en avril 1834, en juin 1849, et sous le gouvernement de la Défense nationale.

Un ouvrier lyonnais, Jacquard s’illustra — nous ne disons pas s’enrichit — par l’invention d’un métier spécial qui a renouvelé l’industrie de la soie. Lyon lui a élevé une statue — comme à Louis XIV et à Napoléon.

La production annuelle de l’industrie de la soie peut être évaluée à 450 millions, dont un chiffre très élevé — il était il y a quelques années encore des trois cinquièmes — appartient à l’exportation. Le mouvement d’affaires auquel donne lieu cette industrie, tant pour l’achat de la matière première que pour la vente des étoffes fabriquées atteint à près d’un milliard