port historique entre la série juive et la série zoroaslrienne. On sait en
etîel que la Genèse juive dérive d’une Genèse chaldéenne dont il ne reste
que des débris ; et comme la Perse, au cours de son développement et surtout
dans ses périodes anciennes, a été puissamment et visiblement influencée
parla civilisation de Babylone, à qui elle emprunta même jadis
son écriture, cette Genèse perdue de Babylone pourrait être la source de
la Genèse zoroaslrienne. Pour les rapprochements qui suivent, à savoir la
division du monde entre les trois fils du patriarche, la révélation, les précurseurs
de la révélation, il n’y a point trace d’aucune source commune
où l’on aurait puisé des deux côtés. Mais de quel côté s’est fait l’emprunt ?
Est-ce de l’Avesta à la Bible ou de la Bible à l’Avesta ?
Si l’on reprend un à un les divers points touchés, on voit que l’un et
l’autre système est infiniment plus clair si c’est l’Iran qui a emprunté. Le
déluge est tout Noé : si le déluge est emprunté de la Genèse à l’Avesta,
tout Noé disparaît. Au contraire, dans l’histoire de Yima, la légende du
déluge est une addition si inattendue qu’elle brise l’unité de la figure et
que la légende populaire, ne sachant qu’en faire, l’a laissée tomber.
La Bible connaît trois races et donne par suite trois fils à Noé, le père
de la nouvelle humanité. L’Avesta connaît cinq races : Airya, Sairima,
Tura, Sâini, Dabi’ ; il partage pourtant le monde en trois parties entre les
trois fils de Thraêtaona, parce que le modèle dont il s’inspire a divisé le
monde entre trois races. Si l’idée de ce partage était de lui, il aurait
donné cinq fils à Thraêtona.
Entre les deux récits de la création les différences sont nombreuses. Tout d’abord, si la version persane est poétiquement inférieure à la version juive, la succession des actes y est infiniment plus précise, plus rationnelle et plus claire, ce qui semble indiquer qu’elle lui est postérieure. On concevrait peu que le rédacteur juif, ayant devant les yeux la belle ordonnance du dessin parsi, eût préféré l’ordre confus. La version persane marque un progrès, une correction sur la version juive. Autre différence : la création juive est l’œuvre d’une semaine : elle dure six jours suivis d’un jour de repos ; le récit, tendentiel, a pour objet de 1. Yl. Xlll. 143-U4.