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Page:Annales du Musée Guimet, tome 4.djvu/152

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

renferme a pour but de rendre L’homme meilleur. Il promet une longue vie aux bons et toutes sortes de misères aux méchants. Notre but est le même que le vôtre, rendre L’homme meilleur, o On lui rappela que, d’après La doctrine de son livre, le bonheur et le malheur étaient la rétribution de la vertu ou du vice, et que cela ne s’accordait pas avec le système de divination qui faisait la fortune de son temple ; on lui demanda pourquoi il encourageait ses fidèles à espérer quelque bien de l’acte de jeter des baguettes sur le sol, et d’agiter des sorts dans une coupe de bois, si les cieux répartissent aux hommes la bonne et la mauvaise fortune selon leur mérite seulement. A cela, le prêtre de Taou, s’asseyant au milieu de ses boîtes à médecines disposées dans des casiers, sur la table devant lui son livre de recettes dans lequel il cherchait, guidé par l’oracle, le remède secret à appliquer, répliqua : « Si la personne qui vient prier est vicieuse dans son cœur, sa prière n’est pas écoutée, l’oracle ne répond pas. » « Si elle est seulement vertueuse, observa son interlocuteur, elle n’a nul besoin de venir ici. La chose importante est d’être vertueux. »

Il est curieux de remarquer combien les propagateurs des superstitions les plus dégradantes tiennent à affirmer qu’elles sont les auxiliaires de la vertu et qu’elles reposent sur les plus purs principes de morale. Le taouisme, dans sa forme populaire, est une des religions les plus abjectes que le monde ait connues ; il est tellement rempli de misérables insanités que son étude en devient absolument décourageante. A tout instant on se demande : l’âme humaine peut-elle donc tomber si bas ? Ce pauvre docteur taouiste gagnait sa vie par une industrie aussi peu respectable que celle des bohémiens diseurs de bonne aventure. L’histoire de sa secte présente une succession de nécromanciens évoquant à volonté les esprits, de rêveurs cherchant l’art de transmuter tous les métaux en or et d’un petit nombre de philosophes qui, avec des aspirations un peu plus relevées, n’ont pourtant pas su donner un air de dignité à un système si incurablement abject ; et pourtant cet homme prétendait — la conversation continuant — que sa religion s’efforçait à rechercher la vertu, a C’était par la vertu, disait-il, que ses coreligionnaires cherchaient l’immortalité ; les génies qui habitent les forêts et les montagnes, qui ont pour jamais dit adieu aux foyers des hommes et sont délivrés de l’obligation de mourir, sont arrivés à ce bonheur par la puissance