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LALITA VISTARA. — CHAPITRE VII

Sarvârthasiddha avec ses deux mains, l’apporta devant le grand Rïchi. Et ainsi, le grand Rïchi, Asita ayant examiné le Bôdhisattva, et ayant vu qu’il était doué des trente-deux signes du grand homme, que son corps était bien orné des quatre-vingts marques secondaires et surpassait ceux de Gakra, de Brahmâ et des Gardiens du monde ; qu’il avait un éclat supérieur à cent mille soleils, que tous ses membres étaient beaux, il exprima ainsi sa pensée : Un merveilleux génie, en vérité, est apparu dans le monde ! Et, en parlant ainsi, il se leva de son siége, enjoignant respectueusement les mains, se prosterna aux pieds du Bôdhisattva, et, après avoir tourné autour de lui en présentant la droite, il le prit contre sa poitrine et resta pensif. Il regarda les trente-deux signes marqués sur le corps du Bôdhisattva. Pour la personne du grand homme doué de ces signes, il y a deux voies et pas d’autres. S’il demeure à la maison, il sera roi Tchakravartin maître de quatre corps de troupes, et victorieux, attaché à la loi, roi de la loi, disposant de la force et du courage de ses sujets, en possession des sept joyaux qui sont : le joyau de la roue, le joyau de l’éléphant, le joyau de la pierre mani, le joyau de la femme, le joyau du maître de maison, le joyau du conseiller. Il aura un millier de fils héroïques, courageux, beaux et bien faits, vainqueurs des armées ennemies. Ce cercle de la grande terre, qui a pour limite l’Océan, sans employer le châtiment ni les armes, après l’avoir soumis par sa loi et sa force, il exercera la royauté avec l’autorité de sa toute-puissance. Mais si, sortant de la maison, il s’en va, sans asile, errer en religieux, il sera un Tathàgata, au nom célèbre, un Bouddha parfait et accompli.

Après l’avoir vu, (Asita) versa des larmes et poussa un profond soupir.

Le roi Çouddhôdana vit le grand Rïchi Asita pleurant et versant des larmes en poussant de profonds soupirs, et, à cette vue, sentant ses pores frissonner d’inquiétude, l’esprit abattu, il parla ainsi au grand Rïchi : — Pourquoi pleures-tu, Rïchi et verses-tu des larmes, et pousses-tu un profond soupir ? N’y a-t-il pas quelque danger pour le jeune prince ?

À ces mots, le grand Rïchi Asita parla ainsi au roi Çouddhôdana : — Grand roi, ce n’est pas à cause du jeune prince que je pleure, car, pour lui, il n’y a nul danger, en vérité. Mais c’est sur moi-même que je pleure. Pourquoi cela ? Grand roi ! je suis vieux, âgé, cassé, et ce jeune Sarvârthasiddha se revêtira