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Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/151

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LALITA VISTARA. — CHAPITRE VIII

bénédiction ; qu'on décore avec soin les portos de la première des villes ; qu'on fasse entendre les accords des instruments les plus mélodieux ; que tous les rois des forteresses se rassemblent ; qu'ils se réunissent, les chefs des marchands, les maîtres de maison, les gardes des portes et la suite des serviteurs ; qu'un attèle les chars des jeunes filles ; qu'on apporte des urnes pleines ; qu'ils se rassemblent, les Brahmanes qui récitent les prières ; que les temples des dieux soient décorés !

Ainsi donc, Religieux, tout fut fait comme il vient d'être dit.

Alors le roi Çouddhôdana étant entré dans son palais, parla ainsi à Mahà Pradjàpatî Gâutamî : Qu'on pare le jeune prince ; il sera conduit au temple des dieux !

Après avoir répondu : C'est bien ! Mahà Pradjàpati Gâutamî para le jeune prince. Alors, le jeune prince, pendant qu'on le parait, avec un visage souriant, sans aucun froncement de sourcil, de la voix la plus douce, parla ainsi à la sœur de sa mère : Mère, où va-t-on me conduire ? Elle dit : Au temple des dieux, mon fils. Alors le jeune prince laissa voir un sourire et, avec un visage riant, adressa ces Gàthâs à sa tante :

1. Quand je suis né, cette réunion des trois mille (mondes) a été ébranlée ; Çakra, Brahmâ, les Asouras, les Mahùragas, Tchandra, Soûrva, ainsi que Vâiçravana et Koumâra, abaissant leur tête à mes pieds, m'ont rendu hommage ;

2. Quel autre dieu se distingue par sa supériorité sur moi, auquel tu me conduis aujourd'hui, ô mère ? Je suis le dieu au-dessus des dieux, supérieur à tous les dieux ; pas un dieu n'est semblable à moi, comment y en aurait-il un supérieur ?

3. En me conformant à la coutume du monde, voilà, mère, comment j'irai. Après avoir vu mes transformations surnaturelles, la foule ravie m'entourera d'hommages et du plus grand respect ; dieux et hommes s'accorderont à dire : Il est dieu par lui-même.


Ainsi donc, Religieux, au milieu des louanges et des bénédictions de toutes sortes, les rues, les places, les carrefours, les marchés, les portes ayant été couverts d'ornements sans nombre, le roi Çouddhôdana, après avoir, dans l'intérieur du palais, orné le char du jeune prince, entouré et précédé des Brahmanes, des chefs des marchands, des maîtres de maison, des conseillers, dos rois des forteresses, des gardes des portes, des gens de la suite, des amis et des parents ; au milieu de la route remplie de la fumée des parfums, jonchée d'une litière de fleurs, pleine d'une foule confuse de chevaux,