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Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/184

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Dandapâni atteignit le tambour mis pour but à deux Yôdjanas, et parvint à le percer, sans pouvoir faire plus.

Alors le Bôdhisattva, après avoir brisé successivement tous les arcs qu'on lui présentait : Y a-t-il ici, dans la ville, quelque autre arc qui, tendu par moi, résiste à la force de mon corps et soutienne mon effort ?

Le roi dit : Mon fils, il y en a un. Le jeune homme dit : Sire, où est-il ? Le roi dit : Il y a eu ton grand-père, nommé Siñhahanou (mâchoire de lion), dont l'arc est honoré maintenant dans le temple des dieux, au milieu des parfums et des guirlandes ; et personne, jusqu'à présent, n'a pu soulever et, par conséquent, tendre cet arc.

Le Bôdhisattva dit : Sire, qu'on apporte cet arc, nous l'essayerons.

L'arc fut donc aussitôt apporté ; et tous les jeunes Çâkyas, quoique faisant les plus grands efforts, ne purent soulever cet arc, ni, à plus forte raison, le tendre.

Ensuite cet arc fut présenté au Çâkya Dandapàni, et quoiqu'il y employât toute la force de son corps, il parvint seulement à le soulever, sans pouvoir le tendre.

Cet arc fut enfin présenté au Bôdhisattva ; et lui, ayant saisi cet arc sans se lever de son siége en restant assis, les jambes à moitié croisées, il le saisit de la main gauche, et le tendit avec un seul doigt de la main droite.

Au moment où cet arc fut ainsi tendu, le son en retentit dans toute la grande cité de Kapilavastou, et tous les habitants, effrayés, se demandaient l'un à l'autre ce que c'était qu'un pareil bruit. Puis l'on se disait que le jeune Sarvârthasiddha avait tendu l'arc de son grand-père et que ce bruit venait de là.

Ensuite les dieux et les hommes par centaines de mille jetèrent de grands cris d'étonnement et d'admiration, et les fils des dieux qui se tenaient dans l'étendue du ciel adressèrent cette Gâthâ au roi Çouddhôdana et à cette grande multitude de peuple.


30. Puisque cet arc a été tendu par le Mouni, sans même qu'il se lève de son siége et sans faire d’efforts, sans nul doute, le Mouni aura bientôt accompli ses desseins, après avoir vaincu l'armée de Mâra.


Ainsi donc. Religieux, le Bôdhisattva, ayant tendu cet arc et ayant pris