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LALITA VISTARA — INTRODUCTION

« Si Benfey avait employé le mot addition au lieu de substitution, il n’y aurait eu aucune exception à faire. Que quelques-uns des plus ardents disciples de Çâkya, qui continuèrent son ministère et propagèrent sa religion, après son Nirvâṇa, aient rappelé ses enseignements en prose ou en vers, il est naturel de le supposer ; et qu’on leur doive quelques-unes des Gâthâs, cela ne peut être positivement nié ; mais d’après ce qui est connu de l’histoire des premiers chefs du Bouddhisme, il est difficile d’en inférer qu’ils appartenaient aux plus basses classes du peuple, et étaient ainsi, généralement, assez ignorants pour être incapables d’écrire d’une manière passablement correcte en sanskrit. La plupart d’entre eux étaient Brahmanes ou Kchatriyas et tous renommés pour leur savoir, leur sagesse et leur capacité. Il est tout naturel de supposer que les écrivains Bouddhistes de l’âge suivant fissent des citations des paroles et des écrits de ces chefs et non de ceux qui sortaient des plus basses classes du peuple, lesquels, quoique formant la grande masse de la congrégation, prenaient rarement une part décisive dans les enseignements de la doctrine bouddhiste, et leur autorité ne pouvait être invoquée avec quelque chance de donner de l’authenticité aux récits des écrivains plus récents. Quoique les distinctions de caste fussent abolies en tout ce qui regardait la religion et dans le clergé, les écrits des bouddhistes du Népâl, ne laissent pas douter que, comme distinction sociale, la caste resta, en principe, parmi eux, avec à peu près autant de force et de ténacité que parmi les Brahmanistes, pendant la période Hindoue ; et de fréquents rappels sont faits de Brahmanes bouddhistes qui, la plupart, étaient des hommes importants. Même de nos jours, il ne manque pas d’exemples de dissidents de l’Hindouisme qui s’appellent eux-mêmes « Brahmanes chrétiens ». Il ne serait donc pas raisonnable d’attribuer les imperfections littéraires des Gâthâs à l’ignorance des classes inférieures. Ces imperfections, en outre, ne sont pas dues, évidemment, à l’igno-