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LALITA VISTARA — INTRODUCTION

la dextérité d’un esprit exercé qui connaît parfaitement la langue usuelle, tous les villages viennent se grouper autour de lui et boivent avec avidité chaque mot qui tombe de ses lèvres. L’institution des Bhâts est aussi vieille que la civilisation Indo-Aryenne ; il y en a quelques traces dans les Védas et, dans toutes les réunions et fêtes religieuses ou quasi religieuses : mariages, Srâddhas et assemblées solennelles, l’usage a toujours été, pour les Bhâts, de réciter de longues pièces de vers en l’honneur de l’hôte, de ses ancêtres, de sa caste et de son pays.

Aux convocations et assemblées religieuses, l’objet de la louange est, nécessairement, le fondateur de la religion ainsi que les objets du culte ; mais, partout, le langage est, autant que possible, simple, vulgaire et familier. Aujourd’hui, le langage usuel du lieu est généralement préféré, mais, quelques vers sanskrits y sont invariablement ajoutés et ces vers ont beaucoup du caractère des Gâthâs bouddhiques.

Il n’y a pas de raison de douter, qu’aux trois grands conciles, les séances commençaient et finissaient par la récitation de vers louangeurs. Le Mahâvanso, comme on l’a montré plus haut, mentionne clairement la récitation des Gâthâs, et la qualification d’instituteur était prouvée en lui faisant réciter quelques Gâthâs. Il a dû en être de même à toutes les convocations et conférences, et la conclusion à en tirer, me paraît être, en conséquence, que la masse des Gâthâs est due à des Rhapsodes ou bardes de profession et, probablement aussi, à quelques instituteurs religieux. »

Puisque nous avons parlé du Mahâvastu, il n’est pas inutile de remarquer ici que Eugène Burnouf le regarde comme « ayant une grande valeur et une incontestable antiquité. » Or, si, d’après le témoignage des historiens chinois[1], ce livre est, pour la secte des

  1. Sam. Beal, Romantic Legend of Sâkya, p. 5.