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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XIV

Il a été prédit par ceux qui connaissent les signes : « C’est par la Porte de bénédiction que le jeune homme sortira de la famille. »

Alors le roi fit faire de grands battants pour la Porte de bénédiction. Il fallait cinq cents hommes pour ouvrir ou fermer chaque battant, et le bruit s’en allait jusqu’à un demi Yôdjana. C’est là que le jeune prince goûtait les qualités incomparables du désir ; avec les concerts de voix et d’instruments et les danses, les jeunes femmes se tenaient sans cesse auprès de lui.

Cependant, Religieux, le Bôdhisattva dit à son cocher : Vite, cocher, attèle le char ; j’irai à la terre du jardin de plaisance.

Alors le cocher étant allé trouver le roi Çouddhôdana, parla ainsi : Sire, le jeune prince sortira pour aller à la terre du jardin de plaisance.

Alors il vint à la pensée du roi Çouddhôdana : le jeune prince n’est jamais sorti avec moi pour aller voir la belle terre du jardin de plaisance, je pourrais bien le faire sortir moi-même pour aller à la terre du jardin de plaisance ; de cette manière le jeune homme, entouré d’une troupe de femmes, aura du plaisir et ne sortira pas de la maison.

Et le roi Çouddhôdana, dans sa tendresse et sa grande estime pour le Bôdhisattva, fit publier à son de cloche dans la ville : Dans sept jours, le jeune prince sortira pour aller voir la belle terre du jardin do plaisance. Là toutes les choses désagréables doivent être éloignées par vous ! Que le jeune homme ne voie rien de déplaisant, et que toutes les choses qui plaisent au cœur y soient apportées.

Ensuite, le septième jour, toute la ville fut décorée, et la terre du jardin de plaisance ornée d’étoffés aux couleurs variées, de tentures suspendues, de parasols, d’étendards et de bannières. Et la route par laquelle s’avançait le Bôdhisattva était bien arrosée et imprégnée d’eau de senteur et jonchée de fleurs fraîches, parfumée par des cassolettes où brûlaient divers parfums ; ornée d’urnes pleines, plantée d’arbres Kadalis, tendue de tentures d’étoffes aux couleurs variées, de réseaux à clochettes précieuses, de guirlandes de perles grandes et petites. Et le cortége composé d’une armée de quatre corps de troupes en bon ordre fut mis en mouvement pour embellir (la suite de) l’appartement intérieur du prince. Et lorsque le Bôdhisattva, sortant en grande pompe par la porte orientale de la ville, se dirigea vers la terre du jardin de plaisance, au même instant, par la puissance du Bôdhisattva lui-