Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
258
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

mondes fut remplie d’une grande clarté. Et Màra Pàpiyân, entendit (sortir) de cette lumière le discours que voici :


1. Que l’être extrêmement pur qui, pendant de nombreux Kalpas a traversé des existences ; que le fils de Çouddhôdana, qui, après avoir abandonné la royauté, est parti apportant le secours et désireux de l’Amrĭta, fasse un effort aujourd’hui qu’il est arrivé près de l’arbre de l’Intelligence.

2. Après avoir passé lui-même qu’il fasse aussi passer les autres ! Qu’il délivre les autres, lui-même étant délivré. Ayant obtenu l’apaisement qu’il apaise aussi les autres ; entré dans un Nirvana complet, il fera entrer les autres dans le Nirvana.

3. Il rendra vides, sans reste, les trois voies mauvaises ; il rendra pleine la ville des dieux et des hommes. L’Amrĭta et le bonheur suprême de la sagesse et de la contemplation, il les donnera lui qui vient en aide, après avoir obtenu l’Amrĭta.

4. Il rendra vide ta ville, allié de celui qui est noir (Krkiiiia). Rendu sans force par un être sans force, privé de ton aimée, partisan sans partisans, tu ne sauras (ô Mâra), où aller ni quoi faire, quand il versera lui-même la pluie de la loi, l’être existant par lui-même.


Ainsi Religieux, Mâra-Pâpiyân excité par ces Gâthas provocantes, fit un rêve ayant trente-deux aspects. Quels trente-deux aspects ? Les voici :

Il vit sa demeure enveloppée de ténèbres. Il vit sa demeure enveloppée de poussière et remplie de sable et de gravier. Il se vit, inquiet et talonné par la crainte, courant aux dix points de l’espace. Il se vit avec son diadème tombé et son pendant d’oreille détachés. Il se vit ayant les lèvres, la gorge et le palais desséchés. Il se vit ayant le corps tourmenté. Il vit ses jardins dépouillés de leurs feuilles, de leurs fleurs et de leurs fruits II vit les étangs, dont les eaux s’étaient retirées, complètement desséchés. Il vit les cygnes, les cigognes, les paons, les Kalabiiîgkas, les Kounâlas, les Djîvandjîvas et les autres troupes d’oiseaux qui avaient les ailes coupées. Il vit les tambours, les conques, les tambourins, les timbales, les luths, les guitares, les téorbes, les cymbales et tous les autres instruments de musique mis en pièces et dispersés sur la terre. Il se vit, lui, Mâra, abandonné des gens qu’il aimait et de sa suite, avec un visage sombre, retiré à l’écart et tout soucieux. Il vit la première de ses femmes parée d’une guirlande, tombée de sa couche à terre se frappant rudement la tête avec les mains. Et les fils du démon, ceux qui étaient les plus vaillants, les plus forts, les plus brillants, les plus sages, il les vit qui s’inclinaient devant le Bôdhisattva arrivé à Bôdhi-