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Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/320

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

comme une pustule ronde et gonflée de sang condensé ; le ventre est un réceptacle impur et désagréable d’urine et d’excréments, produit de la corruption naturelle des œuvres, machine de douleur.

104. Les insensés à l’esprit troublé, mais non les sages, s’imaginant faussement que le corps est beau, roulant bien longtemps dans le monde de la transmigration qui est la racine de la douleur, éprouvent parmi les êtres infernaux des sensations produisant beaucoup de douleurs.

105. De la ceinture s’échappe un courant de mauvaise odeur et désagréable ; les cuisses, les jambes et les pieds se tiennent ensemble comme une machine ; ce que je discerne de vrai en vous, c’est la magie ; vous provenez d’une cause et d’un effet faux.

106. Après avoir vu que les qualités du désir sont sans qualité, dénuées de qualités, détournées de la voie de la science vénérable et fausses ; qu’elles sont comme une feuille vénéneuse et le feu, comme de grands serpents furieux, les ignorants sont donc affolés quand ils les prennent pour le bonheur.

107. L’homme esclave du désir qui l’est aussi des femmes, sorti de la voie de la bonne conduite, sorti de la voie de la contemplation, privé de sens, demeure bien loin de la science ; agité par la passion, api-ès avoir abandonné la joie de la loi, il n’est pas réjoui par les désirs.

108. Je ne demeure point avec la passion, ni avec les péchés : je ne demeure pas toujours avec ce qui, par nature, est agréable, ni en compagnie de ce qui est plaisant ou déplaisant ; mon esprit est complètement affranchi, comme le vent dans le ciel.

109. Ce monde-ci serait tout entier rempli de vos pareilles, je pourrais demeurer réuni à elles pendant un Kalpa, qu’il n’y aurait en moi ni mal, ni passion, ni folie : les Djinas ont l’esprit égal et pareil à l’éther.

110. Quoique les dieux et les Apsaras, qui n’ont ni sang ni os, soient purs et beaux, tous, cependant, demeurent dans une très grande crainte, privés qu’ils sont d’une nature durable, et pas éternels.

Alors les filles de Mâra, bien exercées aux magies des femmes, prises d’un excès de passion, de colère et d’orgueil, après avoir montré un grand empressement et avoir paré leur corps avec soin, cherchaient, en employant la magie des femmes, à exciter les désirs du Bôdhisattva.

Et là il est dit :

111. Les plus séduisantes parmi les femmes, apportant le désir et la satisfaction du désir, envoyées par le démon, sont venues à la hâte, déployant leurs charmes. Comme les tiges tiexibles de jeunes arbres agités par le vent avec leurs feuilles, elles dansent et cherchent à séduire le fils du roi qui est allé auprès de l’arbre (de l’Intelligence).

112. Voici le temps Venu de la plus belle, de la plus charmante des saisons, la saison du printemps qui fait la joie des femmes et des hommes, qui détruit l’obscurité et la poussière ; où l’on entend le chant des Kôkilas des cygnes et des paons ; où tout est rempli de troupes d’oiseaux. Le temps est venu de goûter la joie des qualités du désir.