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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXI

185. Après avoir vu l’armée du démon, affreusement transformée, l’être pur la considère comme un produit de l’illusion. Il n’y a là ni démon, ni armée, ni monde, ni soi. Pareille à l’image de la lune dans l’eau erre la réunion des trois mondes.

186. Pas d’œil, pas d’homme et de femme ni de soi-même ; l’oreille, le nez ainsi que la langue de même que les corps, sont vides à l’intérieur, vides à l’extérieur, ces substances sont nées en s’appuyant l’une sur l’autre, sans créateur et sans un être qui (en) ait le sentiment.

187. Il a dit une parole vraie celui qui dit toujours la vérité, par ce discours véridique : ici, ces substances sont vides. Tout ce qu’il y a de Yakchas soumis et se conformant à la discipline ont ru à ceux qui avaient des armes à la main, des guirlandes de fleurs.

188. Lui, avec la paume de la main droite ornée de membranes excellentes, de beaux ongles de la couleur du cuivre rouge avec une roue à mille rais, pareils en éclat à l’or des fleuves du Djambou, (lui qui est) affermi par le mérite et les bonnes œuvres, il se touche de la tête aux pieds, avec dignité.

189. Après avoir étendu son bras pareil à un éclair dans le ciel, il a dit : Cette terre est mon témoin. Plusieurs centaines de mille de sacrifices ont été faits autrefois par moi, et, en vérité, quand J’ai eu la pensée de ne pas donnera celui qui demandait, ce n’est pas sans raison que j’ai agi (en conséquence).

190. L’eau, le feu, le vent sont mes témoins ; Brahmâ-Pradjâpati, le soleil et la lune avec les étoiles, les Bouddhas qui demeurent aux dix points de l’espace sont mes témoins ainsi que ma bonne conduite, mes austérités et les membres (les degrés) vénérables de l’Intelligence.

191. L’aumône est témoin, ainsi que la bonne conduite, ainsi que la patience ; l’héroïsme est témoin ainsi que la contemplation ainsi que la sagesse ; les quatre immensités sont témoins, de même que la science ; toute pratique successive vers l’Intelligence est ici mon témoin.

192. De tout ce qu’il y a d’êtres aux dix points de l’espace, les mérites, la force, la bonne conduite ainsi que la science, le sacrifice non interrompu qu’ils ont fait, (tout cela) énuméré dans ses parties, n’atteint pas (en nombre) la centième partie (du nombre) de mes poils,

193. Il (le Bodhisattva) frappe doucement la terre avec la main, et cette terre résonne ; comme un vase d’airain. Le démon, après avoir entendu le son, est renversé à terre et entend : Frappez, saisissez l’allié des noirs !

194. Le corps couvert de sueur, privé de sa splendeur, le visage décoloré, le démon s’est vu lui-même atteint par la vieillesse ; il se frappe la poitrine en criant ; talonné par la crainte, il est sans protecteur. Le démon a l’esprit troublé, le vertige s’empare de sa pensée.

195. Chevaux, éléphants, chariots et chars sont renversés à terre ; Râkchasas, Koumbhâṇdas et Piçâtchas s’enfuient épouvantés ; effarés, ils ne retrouvent plus leur route ; privés d’asile et de protection, ils s’en vont commodes oiseaux qui ont vu la forêt subitement embrasée.

196. Pères, mères, fils, sieurs et frères se demandent alors : Qu’avez-vous vu ? où