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Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/95

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LALITA VISTARA. — CHAPITRE VI

mettant de côté l’orgueil et la fierté, il dit : Que faut-il faire pour vous ? de quoi s’agit-il ? parlez !

6. La reine dit : pareil à la neige et à l’argent, surpassant le soleil et la lune, aux beaux pieds bien proportionnés, à six défenses, magnanime, le meilleur des éléphants, aux articulations solides comme le diamant et très beau, est entré dans mon sein. Écoutez-en le récit.

7. J’ai vu (en songe), dégagée des ténèbres et brillante, la réunion des trois mille mondes et des millions de dieux louant la reine (Mâyâ) endormie. Il n’y avait plus en moi ni haine, ni colère, ni trouble ; et j’ai connu le bonheur de la contemplation, ayant l’esprit apaisé.

8. Il est bon, maître des hommes, que vous fassiez venir promptement ici des brahmanes habiles à expliquer le Véda et les songes, et connaissant les règles de l’astrologie, car ils pronostiqueront si ce songe à moi, est empreint de vérité, s’il y a quelque chose d’heureux pour moi ou de malheureux pour la famille.

9. Après avoir entendu ce discours, le roi lit, à l’instant même, venir des brahmanes savants dans le Vêda et la lecture des livres sacrés. Quand Mâyâ fut en présence des brahmanes, elle dit : De ce qui a (’té vu en songe par moi écoutez le récit.

10. Les brahmanes dirent : Racontez, ô reine, ce qui a été vu par vous en songe. Après l’avoir appris nous saurons (ce qu’il signifie).

11. La reine dit : Pareil à la neige et à l’argent, surpassant la lune et le soleil, aux beaux pieds bien proportionnés, à six défenses, magnanime, le meilleur des éléphants, aux articulations solides comme le diamant, très beau, est entré dans mon sein : le motif de cela, dites-le !

12. Après avoir entendu ce discours, les brahmanes parlèrent ainsi : Vous obtiendrez une grande joie ; il n’y a pas là de malheur pour la famille. Il vous naîtra un fils avec un corps paré de signes, noble descendant d’une famille de rois, Tchakravartin magnanime.

13. Si, après avoir abandonné l’amour, la royauté et le palais, il s’en va errer en religieux, exempt de passion, par compassion pour tous les mondes, il sera un Bouddha digne des offrandes des trois mondes, qui, avec la saveur excellente de l’Amĭrta, rassasiera tous les mondes.

14. Après avoir fait cette agréable prédiction, pris des aliments (dans le palais) du roi et avoir reçu des habits, les brahmanes se retirèrent.

Ainsi donc, Religieux, le roi Çouddhôdana avant entendu la réponse des Brahmanes connaissant les signes et les présages, habiles en astrologie et dans l’explication des songes, rempli de contentement, de plaisir, de joie et de ravissement, après avoir rassasié ces brahmanes en leur donnant eu abondance des mets bien préparés, agréables, délicats et savoureux et les avoir couverts d’habits qu’il leur donna, il les congédia.