Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/85

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diat, le capitaine Langlois eut demandé sans doute à présenter beaucoup d’objections, avant de se risquer une dernière fois dans ce port de Montréal, où il avait tant de sorte de raisons de penser qu’un diabolique gamin de sa connaissance en savait long sur l’équipage de la goélette et sur ses desseins mystérieux.

Mais la chance tournait décidément contre les bandits qu’avait protégés pendant plusieurs mois une trop longue impunité.

En sortant du Windsor, M. Ralph Turner avait encore une démarche importante à faire pour être prêt — il le croyait du moins — à jouer ses dernières cartes. Mais il avait derrière lui deux paires d’yeux qui ne perdaient aucun de ses mouvements.

Il avait quitté depuis longtemps déjà le quartier élégant, et traversé une série de rues mal bâties et d’aspect misérable, lorsqu’il tourna brusquement dans une petite ruelle, en jetant autour de lui un rapide regard.

Lafortune et Joe n’eurent que le temps de se dissimuler, à la faveur de la muraille d’une maison qui avançait de trois ou quatre pieds, sur les habitations voisines.

Pendant ce temps, M. Turner entra dans un petit logement, ou pour parler plus exactement dans une vieille baraque en bois à un seul étage, un véritable taudis, d’apparence sombre et malpropre, qui ne semblait pouvoir être habité, que par des gens dénués de toute ressource et qui avait plutôt l’air d’un repaire que d’une maison d’ouvriers.

— Reste ici, Joe, dit vivement Lafortune ; on t’a vu au Windsor et il ne faut pas t’exposer à te faire reconnaître ; je vais aller me renseigner sur les habitants de cette tannière.