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IV
NOTES SCIENTIFIQUES.

l’Île-Bourbon, couvrent le sol du cratère sur une épaisseur de deux ou trois pouces ; le vent transporte souvent ces filaments à la distance de six ou sept lieues.

Le 22 décembre 1824, dans la nuit, un nouveau volcan fit éruption au milieu de l’ancien. Au lever du soleil, la coulée avait déjà une assez grande étendue ; dans certains points, la lave était projetée par jets jusqu’à cinquante pieds de haut.

À une autre époque, les missionnaires comptèrent jusqu’à cinq cratères de formes et de grandeurs très-variées, qui s’élevaient comme autant d’îles du sein de la mer enflammée dont les parties nord et sud-ouest du cratère étaient recouvertes ; les uns vomissaient des torrents de lave ; il ne sortait des autres que des colonnes de flamme ; ou d’une épaisse fumée.

Il existe un autre volcan actuellement enflammé, à une certaine distance du Mowna-Kak ; il a de moins grandes dimensions. Les flancs de la fameuse montagne Mowna-Roa offrent aussi plusieurs cratères, mais jusqu’ici on ne les a observés que de loin, à l’aide de lunettes ; ils sont peut-être éteints.


NOTE 2.

Hauteur des neiges éternelles dans les régions tropicales.

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La courbe que décrit la limite des neiges perpétuelles sur la surface du globe a depuis longtemps fixé l’attention des physiciens. Elle offre effectivement un des phénomènes les plus intéressants de la géographie physique ; car elle doit, à ce qu’il paraît, essentiellement dépendre du climat ou de la température moyenne des lieux sur lesquels elle passe : les lois de sa construction détermineraient donc en même temps les lois de la distribution des températures sur la surface du globe, et il serait aisé de trouver la température moyenne ou le climat d’un lieu quelconque par la seule indication de la hauteur, ou calculée ou observée, à laquelle il faut s’élever pour y atteindre la limite des neiges.

Or, il faut croire qu’il est plus facile de trouver de cette manière la température moyenne des différents points du globe que de la déterminer immédiatement par des observations. Car, malgré tant d’excellentes observations thermométriques, il est certain qu’il n’existe dans le monde que quatre ou cinq endroits dont la température moyenne soit connue avec précision.

Les observations faites par Bouguer et M. de Humboldt, sous les tropiques, ont démontré qu’en effet la température moyenne s’y accorde assez avec la limite supérieure des neiges ; et Saussure et M. Ramond ont prouvé la même chose pour des climats tempérés. Mais il n’en est pas ainsi du nord de l’Europe, s’il faut s’en rapporter au petit nombre d’observations que l’on a jusqu’à présent recueillies dans ces contrées ; et quoique la température moyenne y soit assez peu élevée, la limite des neiges ne s’y abaisse pas dans la même proportion ; elle s’y soutient au contraire à une hauteur qu’on ne lui aurait pas supposée au premier abord.