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XXII

NOUVELLE-HOLLANDE

Terre de Cumberland. — Nouvelle-Galles du Sud. — Grain. — Sidney-Cow. — Pays exceptionnels. — Colonisation.

La brise soufflait rondelette, trois quarts largue ; toutes nos voiles portaient ; nous filions hardiment nos dix nœuds ; nous sentions déjà que nous nous rapprochions de pays moins brûlants, et, si les courants de la veille ne nous avaient pas été contraires, nous devions, selon toute probabilité, voir la terre de la Nouvelle-Hollande avant le coucher du soleil. Nos jeunes élèves de marine savaient trop bien la valeur de leurs observations pour que nous fussions en doute sur le résultat promis, et nos regards avides et curieux cherchaient déjà à l’horizon cette terre si intéressante, si riche et si âpre à la fois, dont on raconte tant de merveilles en Europe.

Il faut peu de jours en mer pour s’apercevoir qu’on change de zone, et quoique nulle végétation ne vienne à votre aide, la nature des flots, la couleur de l’atmosphère, le passage des oiseaux voyageurs, vous indiquent les différences, l’étude de la mer n’est pas moins révélatrice de ces variations ; et, de temps à autre, en avançant vers des latitudes plus élevées, nous découvrions, pareil à un flot noir et pelé que le caprice de la lame recouvrait ou laissait à nu, le dos immense de quelque baleine vagabonde, venue jusque-là pour se reposer sans doute de ses combats de chaque jour avec les tempêtes polaires.

Les montres marines avaient dit vrai. Devant nous, déchirant un