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XXVII

NOUVELLE-HOLLANDE

Vingt-quatre heures d’un roi zélandais.

Il y a là, au sud à peu près de la Nouvelle-Hollande, non loin de la terre de Van-Diemen, vers les glaces polaires, une île petite, boisée, montagneuse, sauvage à l’intérieur, farouche sur les cotes, une île servant parfois de point de relâche aux navires baleiniers fatigués de leurs longues excursions, mais dont ils feraient bien de s’éloigner comme d’un repaire de brigands contre lesquels toutes les nations civilisées devraient lancer leur colère afin d’anéantir ses anthropophages habitants, que rien n’a pu encore corriger de leur insatiable ardeur de rapine, de massacres et de chair humaine. Cette île de malheur, de deuil et de désespoir, c’est la Nouvelle-Zélande.

Là, point de sécurité pour le matelot qui descend à terre afin de renouveler son eau épuisée ; là, point de quiétude pour le savant explorateur, qui ne peut s’éloigner du rivage. La mort est dans les paroles rassurantes du naturel hypocrite, elle est dans ses témoignages d’affection, elle est dans ses caresses.

Le Nouveau-Zélandais se déclare dès l’âge de trois ans l’ennemi mortel de tout étranger qui osera fouler sa terre inhospitalière. Quand il vous épargne un jour, n’en faites point honneur à sa générosité, mais soyez sûr que vous auriez été immolé s’il n’avait eu à craindre de sanglantes représailles. Il n’y a pas de saison où cette Nouvelle-Zélande de