Page:Arjuzon - Une seconde mère, 1909.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
À LA SAULAIE.

Mme de Hautmanoir.

Oui, je sais une légende qui est bien jolie. Les forets disparurent donc un jour, voici comment : La mer se déchaîna, des trombes d’eau s’abattirent sur le pays, un vrai déluge : c’est ce qu’on appelle le déluge breton.

Les habitants se sauvaient terrifiés. Un pasteur nommé Amel et sa femme, Penhor, ne purent courir assez vite, parce qu’ils avaient avec eux leur petit garçon, Raoul. Celui-ci portait une robe bleue, couleur de la sainte Vierge, car il lui était voué. Le pauvre Amel avait de l’eau jusqu’aux genoux, et l’eau montait toujours. Il dit à Penhor : « Ma femme, prends Raoul dans tes bras et mets-toi sur mes épaules, peut-être serez-vous sauvés par quelque âme charitable. »

Penhor obéit, mais l’eau continua à monter et Amel à enfoncer. Bientôt Penhor sentit, à son tour, qu’elle était en péril de mort. Elle éleva l’enfant au-dessus de sa tête et disparut comme Amel. Mais l’eau finit par atteindre Raoul et lui aussi enfonça…

Jacques et Gina, pris de pitié.

Alors, il a été noyé, le pauvre petit Raoul ?