Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/77

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affaire. D’abord ma femme et mes enfants ignorent complètement ce qui m’arrive. Je dois retourner les prévenir, à tout événement, et aussi prendre le linge dont j’aurai besoin dans cet hôtel. »

Visiblement embarrassé, ne pouvant pas accorder la demande que je lui faisais de rentrer à Capellen, ne fut-ce que pour une heure, et ne voulant pas me refuser, il ne savait trop que dire. Il hésita, fit quelques pas devant son pupitre, puis, le Prussien qui était en lui reprenant le dessus, il me dit : — « Non, Monsieur, je ne saurais vous permettre de retourner à Capellen. Écrivez seulement un mot à Madame, prévenez-la de ce qui arrive, et j’enverrai un messager porter la lettre. » C’est ce qui fut fait.

Le major s’évertua à me convaincre que ma détention serait de courte durée ; qu’il suffirait évidemment d’établir ma qualité de médecin pratiquant ; qu’aussitôt, que cette preuve documentaire serait entre les mains de l’autorité allemande, je serais libéré et rendu à ma famille.

On croit facilement ce que l’on désire ardemment : je me berçai donc de l’illusion que mon séjour dans les murs de cet hôtel ne serait que provisoire.

Un jeune officier fut chargé de m’accompagner jusqu’au Grand-Hôtel. En chemin, il me fut permis de m’arrêter chez un libraire pour prendre quelques volumes. Chez le libraire, je connus vraiment l’embarras du choix. Étant donné le peu de temps que j’avais à ma disposition, et les circonstances particulières dans lesquelles je me trouvais, je fus assez