Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/230

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La mauvaise troupe, en descendant à Saxon pour le retour, s’attaquait à tous ceux qu’elle savait être de l’Œuvre, et notamment fit un charivari à l’excellente Marie-Anne Sellier chez qui tremblait encore le frère Hubert, donna la chasse à la jeune Apolline Bertrand, et culbuta dans la boue du fossé le sceptique Bibi Cholion.

Cette expédition, qui fut dénommée dans les cures du voisinage la croisade des enfants, l’autorité ecclésiastique, avec un sens profond de la vie du village, la jugea décisive. Personne sur la colline ne s’était dressé pour défendre les Baillard. Le dimanche qui suivit, au prône de la messe paroissiale, le père Aubry glorifia les jeunes vainqueurs :

— Ce serait faire trop d’honneur au Diable, dit-il, que de le redouter encore après que le pape vient de le frapper. Les enfants suffisent maintenant à le mater. La simplicité de ces innocents fera crever l’orgueil du Serpent qui est logé dans ces démoniaques.

C’était livrer les lions aux moustiques.

Les abjurations commencèrent. La jeune Apolline Bertrand, agenouillée avec six témoins au pied de la Vierge, dans un magnifique décor de lumières et de fleurs, rejeta les erreurs de l’infâme secte. Les créanciers