Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/373

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caractère de cette journée de supplication. Et les prêtres eux-mêmes, répandus par centaines dans cette foule, disaient : « Le voilà donc, ce fameux Léopold Baillard ! » d’un ton où il entrait plus de curiosité que d’animosité.

Quant à lui, l’ancien prêtre-roi de Sion, quel haut sentiment n’a-t-il pas de sa présence au milieu de cette procession « suppliante » et « expiatoire » sur le plateau de la Vierge ! Constamment il s’est tenu au premier rang, auprès de M. Buffet, président de l’Assemblée nationale, en face des sept évêques et du cardinal, et maintenant que l’heure du sermon est arrivée, il est debout au pied de l’estrade où l’orateur, au milieu du vent qui s’est remis à souffler en tempête, apparaît dominant la multitude qui se presse pour l’entendre.

Au sentiment de Léopold, le moment décisif est venu. Il somme dans son âme le prédicateur de confesser la vérité. Il attend. Quoi donc ? Que tous fassent leur soumission, reconnaissent les signes de Dieu et l’autorité de l’Esprit. Quand l’orateur déclare dans un grand mouvement d’éloquence que Dieu a frappé la France pour ses fautes, Léopold dit : « Eh bien ! Eh bien ! » en frappant la terre de son bâton. Il exige des conclusions pareilles à celles que lui-même a tirées des événe-